Le pharmacien, à qui cette mini-série donne la parole, est devenu lanceur d’alerte avec le seul objectif de prévenir sa communauté des dangers des opioïdes quand d’autres, ses fabricants, en faisaient une promotion mensongère. La démarche de cet homme courageux et pugnace est celle d’un acteur de santé en mission suite à la mort de son fils, et préoccupé par l’impact sanitaire des painkiller sur des jeunes qu’il voit tomber comme des mouches… « On pourrait dire de moi que je suis obsessionnel. » C’est ainsi que se qualifie ce pharmacien d’une soixante d’années désormais. Pas de doute, il l’est, mais sûrement au bon sens du terme, et ce depuis que son fils de 22 ans fut assassiné la nuit du 13 avril 1999 suite à un rendez-vous avec un dealer de crack dans le neuvième district de La Nouvelle Orléans, en Louisiane, quartier où beaucoup de jeunes de La Paroisse Saint-Bernard, petite ville en banlieue proche de la Nouvelle Orléans, viennent se fournir dans ce fameux district. L’usage de crack du jeune Danny Junior, qui visiblement était régulier, n’avait pas été révélé jusque-là…
Ce drame est le commencement d’une quête effrénée de la vérité. Que s’est-il passé cette nuit-là, et surtout quelle est l’identité du tueur ? Le pharmacien décide de mener sa propre enquête. Elle finira, après plus d’un an de recherches, de prises de risques et grâce au témoignage d’une habitante courageuse du district, dépendante au crack au moment des faits, à aboutir à l’arrestation et à la condamnation d’un tout jeune adolescent de quinze ans, Jeffery, qui voulait simplement, mais malheureusement, prouver à ses pairs du trafic qu’il était capable de tuer un homme… Cette première enquête qui fait l’objet, principalement, du premier épisode de la mini-série, est l’occasion pour le pharmacien de mettre en place un processus compulsif d’enregistrements sonores de toutes ses pensées et de tous les coups de fils qu’il passe. Il accumule également, en masse, des documents papiers et vidéos potentiellement utiles à l’enquête. Ce processus lui servira dans le combat qui suivra et qui prendra une ampleur nationale, un combat contre une crise des opioïdes qui commençait à pointer le bout de son nez. Le crack avait déstabilisé et décimé principalement une communauté noire défavorisée, les opioïdes allaient, eux, être l’affaire, pour la plupart des victimes et des fabricants, de la communauté blanche… A partir du début des années 2000, le pharmacien s’évertue à rassembler les éléments permettant de faire radier une certaine Docteur Jacqueline Cleggett, distributrice en masse d’ordonnances pré remplies et pré signées qui contenaient toujours les trois mêmes produits : l’OxyContin, le Soma et le Xanax. Ce que l’on appelait alors “La sainte Trinité“. La doctoresse s’enrichirait malhonnêtement sur l’addiction de ses patients…
Mais le combat de Dan Schneider ne s’arrête pas là. Le pharmacien se lance dans une nouvelle mission qu’il appelle le “tunnel de l’espoir“. Il écrit aux journaux, fait des interventions de prévention dans les lycées, et organise des débats, des assemblées publiques. Il veut sensibiliser l’Amérique à ce problème des opioïdes… L’ouragan Katrina, qui débarque en force en Louisiane en août 2005, avec les dégâts physiques et humains qui l’accompagnent, n’arrange rien à l’affaire, et précipite l’épidémie… Le pharmacien pense qu’il faut viser désormais plus haut, Purdue Pharma it self !… Dan fournira des informations à un ami précieux, vieux camarade de lycée, avocat qui avait représenté la paroisse Saint Bernard contre les fabricants de tabac et qui le fit pour les fabricants de l’OxyContin… Le fameux “Tunnel de l’espoir“, Danny en a vu le bout, mais ce fut dans la douleur, celle, durable, de la perte d’un enfant dont l’amour qu’il lui porte lui donna en quelque sorte la force d’affronter tout ça et d’obtenir des résultats probants… Même si la firme Purdue Pharma a mis la clé sous la porte suite aux poursuites à répétition, la crise des opioïdes n’est pas encore résorbée malheureusement. L’héroïne et le fentanyl ont pris le relais de l’OxyContin, dont les prescriptions et la disponibilité est bien plus contrôlée désormais. Cette crise a frappé la population américaine sans faire de discrimination au final en fonction de la couleur de peau ou de la situation sociale…
Thibault de Vivies
(Cet article est la version courte d’un article paru dans la revue DOPAMINE.)