Prévention des addictions : établir les liens entre consommation de psychotropes et situations de travail

Si l'alcool, les drogues et autres psychotropes ne sont plus des sujets tabous, en revanche, leur utilisation en entreprise est longtemps restée un secret bien gardé. Ces pratiques sont appelées à être mises au grand jour. Le plan santé au travail 2016-2020 veut inciter les entreprises à mieux les prendre en compte et à identifier les situations de travail qui les favorisent. De quoi déculpabiliser les salariés mais aussi améliorer les conditions de travail.

Autres drogues

La mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Midelca) évalue à 20 millions le nombre de salariés en CDI ou CDD, d’agents de la fonctions publique mais aussi populations précaires et personnes en recherche d’emploi qui seraient concernées par des problèmes d’addiction. Alcool, prises de médicaments,  substances psychoactives (SPA), dépendance au travail (workaholisme) et aux outils numériques (smartphone, réseaux sociaux)… les addictions au travail ne sont plus plus des sujets tabous dans les entreprises. D’ailleurs, elles ont fait leur entrée dans le nouveau plan santé travail 2016-2020. Lequel prévoit de s’appuyer sur les services de santé au travail afin de mener des actions visant à mieux prévenir ces risques multifactoriels et leurs conséquences. Ce qui implique de former les acteurs de la prévention au repérage précoce et à l’analyse des situations de travail susceptibles de favoriser des pratiques addictives.

En effet, des études montrent que l’environnement social et professionnel peut déclencher de telles conduites ou favoriser, voire augmenter, une pratique personnelle. C’est notamment le cas lorsque le salarié recourt régulièrement aux SPA afin de gérer son stress au travail, d’améliorer ses performances ou de s’adapter aux contraintes du travail. « Autrefois, l’entrée d’un jeune dans la vie active allait de pair avec une baisse de consommation de ces substances. Aujourd’hui, c’est de moins en moins vrai », indique Emmanuel Leuwers qui accompagne depuis 10 ans les salariés comme assistant du service social au sein de 4 S Prévention, une association spécialisée dans la prévention des risques.

De la cocaïne pour faire face à l’intensification du travail

Comme d’autres préventeurs, ce dernier explique ce phénomène, entre autres, par une intensification du travail, une forte demande de réactivité à laquelle s’ajoute une baisse de la dimension collective du travail qui fait que les gens travaillent davantage seuls et isolés. Pour compenser, les salariés développent une consommation de substances psychoactives. « A titre d’exemple, certains consomment de la cocaïne pour faire face à l’intensification du travail », rapporte Emanuel Lewers. Ce dernier estime difficile de faire la distinction entre col bleu ou col blanc du fait de la démocratisation de l’accès à cette drogue dure. « D’autres salariés prennent du cannabis comme une béquille pour pallier les tâches répétitives ou dépasser la peur d’un nouvel accident du travail après avoir fait une chute de hauteur », rapporte cet assistant du service social qui intervient notamment dans le BTP. .

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