Récit documentaire / “Nem de Rocinha“ de Misha Glenny

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“Nem de Rocinha“, est un récit documentaire publié aux Editions Globe et écrit par le journaliste anglais Misha Glenny, spécialiste des mafias. Le grand reporter a appris le portugais, a rendu visite en prison au principal intéressé et s’est immergé dans les favelas de Rio-de-Janeiro pour comprendre leur fonctionnement. Il nous prend par la main et nous invite dans celle de Rocinha, une des plus grande et des plus peuplée, à la rencontre de ceux qui y font la pluie et le beau-temps car la contrôle d’une main plus ou moins ferme. Les “gangs“ de narcotrafiquants ont pris possession de ces villes dans la ville, cités suspendues à la montagne et stigmatisées depuis des décennies.

C’est le parcours d’Antonio Francisco Bonfim Lopes, né en 1976 que l’on nous propose de suivre depuis son enfance dans Rocinha, jusqu’à son arrestation solennelle en novembre 2011 dans un processus de pacification des favelas en vue de la coupe du monde de football de 2014 et des jeux olympiques d’Août 2016.

Celui qui sera surnommé “Nem“ (l’innocent) dès son embauche au bas de l’échelle, s’est mis au service du gang non pas par aspiration à devenir le gangster le plus puissant et le plus craint de sa favela, mais par nécessité. Sa fille de neuf mois souffrant d’une maladie rare, il se tourne vers le parrain du moment, Lulu de Rocinha, pour emprunter l’argent nécessaire au traitement, en échange de sa mise à disposition dans l’organisation des trafics de cannabis et de cocaïne.

Son ascension ne se fera pas du jour au lendemain, mais sera presque inévitable, étant celui qui possède en lui toutes les qualités d’un chef capable de rétablir dans la durée la stabilité et l’apaisement tant recherché par une population dont le bien-être repose sur la prospérité de la favela mais aussi sur les bonnes grâces d’un parrain qui sait se faire apprécier en participant financièrement à la bonne vie de la Cité. “Nem de Rocinha“ fait parti de ceux-là. Il sait maintenir une paix relative en fixant des règles claires pour éviter la violence gratuite et les règlements de compte. Son règne durera cinq ans environ, de 2006 à 2011, durant lequel la criminalité baissera considérablement et la mauvaise réputation de la favela par la même occasion.

Cet ouvrage nous explique aussi que dans une ville comme Rio où la corruption peut prendre de la place, sans oublier que l’offre de produit des favelas ne fait que répondre à la demande des quartiers plus aisés, il faut réussir à faire la part des choses, et ne pas stigmatiser ces bidonvilles où la population, souvent délaissée mais pas dupe, aspire comme partout ailleurs à la tranquillité et la prospérité avec les moyens du bord.

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