Série Télé / “El Chapo“ de Silvana Aguirre Zegarra

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Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que la plateforme de streaming Netflix décide de lancer, après celle sur le fameux “Patron“ colombien Pablo Escobar titrée “Narcos“, une nouvelle série autour d’un narcotrafiquant de taille. Cette fois-ci c’est le big boss du cartel mexicain de Sinaloa, Joaquín Archivaldo Guzmán Loera qui a droit à son biopic, et de son vivant excusez du peu, ce qui d’ailleurs soulève les foudres de son avocat qui aurait aimé que son client soit consulté pour donner son autorisation. Bref ! Netflix poursuit son filon des fictions qui s’emparent du parcours d’une personnalité emblématique du trafic de cocaïne en Amérique Latine.

“El Chapo“, qui pourrait être traduit par “petit et trapu“, et qui donne le titre à cette série, est le diminutif donné depuis son enfance à celui qui deviendra l’ennemie public numéro un du gouvernement mexicain et de la DEA (brigade des stups américaine), et qui est sensé passer le restant de ses jours dans une prison américaine après son extradition le 19 janvier 2017, à moins qu’il s’échappe à nouveau. El Chapo est en effet le roi de l’évasion, et en a deux déjà à son actif, la première datant de 2001, et la deuxième de 2015.

La première saison de cette série télévisuelle commence dans les années 80 au moment où Joachin Guzman, né en 1957, est encore lieutenant de Miguel Angel Félix Gallardo, grand ordonnateur du cartel de Guadalajara, cartel qui occupe l’ensemble du territoire mexicain et gère le passage de tonnes de cocaïne par la frontière américano-mexicaine pour alimenter le marché nord-américain, en partenariat avec le Cartel colombien de Medellin. Son responsable, Pablo Escobar, fera d’ailleurs son apparition au début de la saison, car Joaquin Guzman est en affaire avec lui pour lui proposer de faire passer plus rapidement la cocaïne grâce aux tunnels construits sous la frontière. Cette idée simple lancera la carrière d’El Chapo et construira en partie la réputation d’un petit homme plein d’ambition et de besoin de reconnaissance.

A l’arrestation de Félix Gallardo en 1989, les territoires qui bordent la frontière sont répartis entre les différents “Patrons“, statut que gagne avec fierté Joaquin Guzman qui peut alors mettre en place les stratégies nécessaires à assouvir son ambition débordante, et commencer à empiéter sur le territoire des autres. Cette ambition sera l’objet et le contenu de toute cette première saison qui se clôt, avec les deux derniers épisodes, sur l’arrestation d’El Chapo au Guatemala en 1993 et son emprisonnement dans une prison de haute sécurité. Le dernier épisode sera l’occasion de revenir sur l’enfance d’un homme né dans une famille de cultivateurs de pavot, mais qui rêvait d’élévation sociale en intégrant très jeune le milieu du narcotrafic afin de sortir d’une vie simple et gagner le plus possible d’argent et de pouvoir.

A l’image de “Narcos“, la série “El Chapo“ nous montre à quel point le trafic de stupéfiants impacte une démocratie fragile, qui essaie tant bien que mal de se débarrasser du “monstre“, “narcotrafiquant sanguinaire“, bouc-émissaire idéal dans la lutte contre un trafic dont le contrôle échappe depuis bien longtemps aussi bien à la Colombie, qu’au Mexique et qu’à toutes les démocraties occidentales et orientales. Il s’agit encore une fois pour les gouvernants de faire croire à la population que le “mal“ a été endigué en arrêtant son principal commanditaire. Ce serait faire peu de cas du mécanisme de l’offre qui suit toujours la demande et de la complexité d’un système qui repose en grande partie sur la connivence de certains trafiquants avec le pouvoir en place et ses représentants…

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