Téléfilm / “La soif de vivre“ de Lorenzo Gabriele

 

Ce téléfilm produit par France Télévision, diffusé sur France 2 le 07 février, et encore disponible en replay jusqu’au 13 février sur le site de la chaîne, aborde la thématique de l’alcoolo-dépendance féminine, et la co-dépendance qui touche les membres de l’entourage proche.

C’est à Bordeaux, où s’est installée la Cité du Vin, que Lisa et Vincent vivent confortablement depuis quelques années dans une petite maison bordelaise au bout d’une impasse. Ils ont un fils de onze ans, Thomas, et une petite fille Julia, bébé de onze mois. Lisa est professeur de piano et Vincent chef de chantier. C’est Lisa, la maman, qui est touchée par cette problématique alcoolique depuis trois ans et la mort accidentelle d’un bébé de quatre mois. S’alcooliser à la vodka pour anesthésier la douleur de la perte, et se donner du courage pour affronter la culpabilité, font peut-être partie des raisons de ses premières alcoolisations massives. Une première alcoolo-dépendance semble avoir été vaincue sans aide extérieure, mais une rechute s’est produite quelques mois avant le jour où nous découvrons, en tant que téléspectateurs, cette petite famille.

Ce n’est pas la première fois semble-t-il que Vincent, le père, doit se rendre au travail le matin et accepter que son fils de onze ans sèche les cours du collège pour rester à la maison s’occuper de sa petite sœur. Il semble acquis que la mère est incapable de prendre en charge sa fille au risque de la mettre en danger. Tout est en place dès cette première scène : une mère de famille “malade à cause de l’alcool“ comme dit son fils, un père débordé, très occupé par son travail qui tente en vain de bousculer et culpabiliser sa femme pour qu’elle mette à exécution sa promesse d’arrêter de boire, et un fils qui, par abnégation totale et bien sûr par amour, reste au chevet de sa maman et s’occupe de sa petite sœur. La famille s’est engouffrée dans ce qui semble être une impasse tant que tout le monde continue de se persuader que ça va aller mieux forcément si le problème se règle en interne et que la maman fait l’effort de se soigner à force de volonté. Le père et le fils semblent espérer que le miracle se reproduira après un premier sevrage “réussi“ quelques années plus tôt. Bien entendu, tout ne peut pas être aussi simple, et il faudra attendre que la famille soit au bout du rouleau et que le fils prenne en main le problème avec sa débrouillardise et toute sa force de persuasion, pour qu’un espoir puisse voir le jour.

La plus grande partie du récit se concentre sur le rapport que ce fils de onze ans entretient avec sa maman, et sur les stratégies qu’il met en place pour la protéger et la prendre en charge en l’absence du père. Le téléfilm explore un ensemble non négligeable de problématiques associées à l’usage alcoolique d’une mère de famille : le sentiment de honte, la culpabilité, la désorientation, la solitude, le regard de l’entourage, le risque de soumission chimique, etc…

Mais rares sont les œuvres cinématographiques ou télévisuelles qui ouvrent vers des consultations et un sevrage en ambulatoire. Le cinéma ou la télévision nous ont plus souvent habitué à des séjours en institution où l’abstinence totale reste le dogme. Ici, on ne nous dira pas quel est le protocole de soin psychologique et/ou éventuellement médicamenteux qui a été mis en place. Nous ne saurons pas si l’abstinence totale a été prônée dès le début, ou s’il s’agit d’une reprise de contrôle de la consommation, mais peut importe. La voix est ouverte vers ce qui ressemble à une prise en charge et un accompagnement apaisé, loin de beaucoup de représentations parfois erronées sur un sevrage “à la dur“ seul ou alors en institution, mais dénué de toute personnalisation…

Il est noté que cette diffusion est accompagnée d’une rencontre pertinente en plateau avec des alcoolo-dépendants en rémission, des spécialistes, dont la ministre de la Santé Agnès Buzyn et l’addictologue William Lowenstein, et des représentants des alcooliers.

Consulter en ligne