“Une sexualité sous influence“

Une lecture de Chems, le roman de Johann Zarca.

Autres drogues

Il est probable que si ce roman avait été un film, il aurait été interdit aux moins de dix-huit ans tant certaines scènes ont dépassé le stade de la suggestivité et vont fouiller au plus près des pratiques sexuelles, sans filtre. On n’en attendait pas moins de cet auteur habitué aux enquêtes gonzo, mais qui, ici, donne la parole à un personnage de fiction sans que l’on sache s’il se cache derrière lui ou pas. Mais après tout, quelle importance ! Suivre ce personnage, c’est s’aventurer dans les processus d’addiction en jeu dans les pratiques de chemsex (une sexualité vécue sous influence de drogues de synthèse, plusieurs sont souvent associées), processus qui combinent deux problématiques, celle des usages potentiellement compulsifs de drogues et celle de pratiques sexuelles potentiellement tout aussi compulsives.

Les deux problématiques sont étroitement liées dans ces pratiques de chemsex, si bien que le sexe peut facilement devenir un prétexte à l’usage ou inversement, et que les prises de risques n’en sont que démultipliées… Le roman nous prend littéralement par la main pour nous faire connaître des pratiques qui ne sont plus réservées aux backrooms de boîtes de nuit gay, mais s’invitent dans des soirées privées où les convives, en nombre plus ou moins important, ne se connaissent pas toujours. Plus on est de fous, plus la défonce sera à la hauteur des attentes des usagers, à condition qu’ils soient consentants bien entendu. Nous verrons, qu’en ce qui concerne le narrateur de Chems, ce consentement peut être questionné puisqu’il est en quelque sorte biaisé par l’influence des produits, des effets qui y sont associés et de l’addiction qui s’est installée…

L’invitation à participer à ces sessions de chemsex devient insidieuse, et tout le paradoxe réside dans le fait que le protagoniste en a totalement conscience. En adulte responsable, il décide de se laisser embarquer et finit par faire exploser toutes les limites qu’il s’était fixées… Même si le chemsex concerne essentiellement les hommes ayant des relations avec d’autres hommes (HSH), les femmes ne sont pas exclues de ces pratiques et notre Eros, hétérosexuel, sera de préférence à la recherche du sexe opposé pour l’accompagner dans ces longues nuits de “défonce“ sexuelle chimique… 

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