Avertissements sanitaires sur les paquets de cigarettes : ce qu’en disent nos yeux…

Les auteurs de cette étude ont comparé l’attention portée par des fumeurs aux paquets de tabac ancienne et nouvelle formule, en vérifiant si la quantité de cigarette fumée pouvait l’impacter, afin d’évaluer l’efficacité de ce type de mesure.

Tabac

Le tabagisme est aujourd’hui la principale cause de décès évitable dans le monde. Il tuerait chaque année près de 6 millions de personnes selon les données de l’OMS. En Europe, le taux de tabagisme est élevé chez les adultes, autour de 28%, ce qui a incité les pouvoir publiques à mettre en place plusieurs réglementations spécifiques, avec pour objectif de réduire l’attrait des produits du tabac, en particulier chez les jeunes, et d’encourager les usagers actuels à envisager la réduction ou le sevrage.

 

En 2016, l’UE a ainsi introduit de nouvelles règles concernant l’emballage des produits du tabac, exigeant que des avertissements sanitaires combinés (photo, texte, information sur le sevrage…) couvrent 65% du recto et du verso des paquets de cigarette et de tabac. Certains pays, dont la France ou le Royaume-Uni, sont même allé plus loin, en mettant en place le « paquet neutre » (boitier, police et taille du paquet normalisés). Ces approches se fondent sur des données probantes concernant l’effet de ces présentations sur les usagers, mais aucune étude n’avait étudié précisément l’impact de ces nouveaux modèles de paquets sur l’attention portée à ces paquets par les usagers. Les auteurs ont donc comparé l’attention portée par des fumeurs aux paquets de tabac ancienne et nouvelle formule, en vérifiant si la quantité de cigarette fumée pouvait l’impacter, afin d’évaluer l’efficacité de ce type de mesure.

 

Leur étude a porté sur 47 sujets fumeurs adultes avec un large éventail de consommation. Les images de paquets étaient affichées séquentiellement sur un écran et les mouvements oculaires étaient enregistrés. Chaque essai présentait l’un des deux types de paquet aléatoirement. L’analyse des mouvements oculaires a montré que les fumeurs s’intéressaient davantage aux mises en garde contre les dangers pour la santé, et moins à l’image de la marque, lorsqu’ils regardaient les paquets post-réglementation par rapport aux paquets pré-réglementation. Cet effet n’était pas lié au nombre de cigarettes fumées par semaine.

 

Ils concluent donc que les nouvelles réglementations autour de l’emballage des produits du tabac montrent une efficacité pour détourner l’attention des fumeurs de l’image d’une marque pour l’orienter vers les messages de santé publique. Il serait donc probablement intéressant de réfléchir à élargir ce type d’approche à d’autres produits addictogènes licites, et en premier lieu l’alcool qui est aussi une cause importante de mort évitable dans le monde.

Par Julien Cabé 

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