Cocaïne : « Ça m’a tout coûté » : la descente aux enfers de Sébastien

Sébastien, cadre de 56 ans, raconte comment il est tombé dans le piège de la cocaïne qui lui a fait perdre famille, amis et travail. Aujourd’hui sevré, il s’inquiète de sa banalisation.

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« Ma vie a été sacrifiée sur l’autel de la cocaïne. » Lorsqu’il parle de son ancienne addiction, Sébastien* ne mâche pas ses mots. À 56 ans, ce cadre supérieur de la région lyonnaise a connu une véritable descente aux enfers à cause de la drogue. « Ça m’a tout coûté : un divorce, un appartement, ma réputation et mes amis », résume-t-il. Au plus fort de sa consommation, ce père de trois enfants consommait jusqu’à 10 grammes par jour de cocaïne. « Comme j’avais les ressources financières, et des prédispositions à l’addiction, j’ai tout de suite consommé énormément », raconte-t-il au Point.

Sweat Nike bleu, lunettes sur le nez, cheveux blancs tirés en arrière, Sébastien a accepté de raconter son calvaire pour « rendre » l’aide que les médecins lui ont apportée : « J’ai le désir d’aider les gens qui sont dépendants », explique celui qui est passé par quatre cures de désintoxication. S’il n’a plus touché à la cocaïne depuis cinq ans, Sébastien sait que l’ombre de l’addiction plane encore au-dessus de lui, en témoigne ses spasmes, signes d’une dyskinésie. « Je reste fragile, il y a des films que je ne regarde pas, des musiques que je n’écoute plus, des rues dans lesquelles je ne passe plus. »

Auparavant associée à la jet-set et au monde de la nuit, la cocaïne s’est banalisée ces dernières années. « Ça n’a jamais été aussi simple d’en trouver, témoigne Sébastien. On reçoit des messages WhatsApp en permanence. Les gens l’assument beaucoup plus facilement, alors que moi je m’en cachais à l’époque. » Selon un récent rapport de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), entre 2017 et 2023, le nombre d’usagers est passé de 450 000 à 1,1 million, faisant de la France le septième pays en termes de consommation de cocaïne. Parmi eux, entre 10 et 20 % seraient déjà addicts.

« Je deviens un camé »

Pour Sébastien, comme pour beaucoup d’autres, c’est dans le monde de la nuit que la cocaïne s’est manifestée. En 2009, c’est l’un de ses vendeurs qui lui tend son pochon lors d’une soirée en discothèque. La première trace lui fait l’effet d’un blast. Le cadre supérieur passera le reste de la nuit à « taper de la C ». « Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, la cocaïne m’a immédiatement collé à la peau, raconte-t-il. Dès le lendemain, j’en ai recommandé et ça ne m’a plus quitté. Je ne pensais plus à autre chose que de consommer. »

Lorsque sa compagne de l’époque s’en aperçoit, elle prévient le pharmacien du quartier. Sébastien parvient brièvement à s’arrêter, mais sa consommation reprend lorsque sa mère tombe gravement malade. « Mon couple bat de l’aile, ma sœur part vivre à l’étranger, et je me retrouve à m’occuper de ma mère avec un de mes frères. » Le chef d’entreprise reprend sa consommation de cocaïne en 2016, mais cette fois il ne la sniffe plus, il la fume. « Je cuisine la cocaïne, je la purifie avec du bicarbonate. Quand on fume de la cocaïne basée, on part dans un autre monde, c’est un peu comme l’effet de l’opium », explique le quinquagénaire. « On fume pendant 3, 4 jours sans manger, sans dormir. » Le site suisse spécialisé Infodrog note que l’effet du free-base « dure environ 2 à 4 minutes et se termine par une descente abrupte. Il s’ensuit une envie incontrôlable de consommer à nouveau la substance ».

En savoir plus : www.lepoint.fr.

Retrouvez d’autres témoignages : www.addictaide.fr.