Comment le tabagisme des parents et son management influencent-ils celui de leurs adolescents ?

Des progrès importants ont été réalisés dans la prévention du tabagisme chez les adolescents aux États-Unis, et dans le reste du monde, avec une diminution constante du tabagisme chez les adolescents au cours des dernières décennies. Il continue toutefois d’exister un sous-groupe d’adolescent, consommateurs quotidiens, qui semble moins sensible aux campagnes de prévention.

Tabac

Cette consommation quotidienne de tabac est associée à un risque plus important de développer une dépendance à la nicotine, des complications tabagiques, et de poursuivre ces consommations à l’âge adulte. Des données récentes montrent ainsi que 87% des fumeurs adultes actuels ont commencé à fumer avant l’âge de 18 ans (Rapport 2014 du National Center for Chronic Disease Prevention and Health Promotion (USA)). Certains facteurs familiaux, de risque ou de protection, semblent influencer ce phénomène de consommation quotidienne à l’adolescence.

Parmi les facteurs familiaux, on retrouve que le comportement tabagique parental joue un rôle important dans l’initiation, la consommation et la persistance du tabagisme chez les adolescents. D’autres facteurs de risque existent, le tabagisme dans la fratrie, les normes ou attitudes parentales permissives vis-à-vis du tabac, ainsi que la participation de l’enfant à la consommation parentale (aller acheter ou chercher les cigarettes…).

A l’inverse, certaines pratiques familiales semblent réduire le risque de consommation de tabac ou d’autres substances chez l’adolescent : surveillance parentale, cohérence des mesures de discipline et règles familiales, ou renforcement positif des comportements de non-consommation.

Ces facteurs ont été étudiés de manière générale chez les adolescents mais pas précisément chez les sujets consommateurs quotidiens. Il est également intéressant de comprendre si ces facteurs ont un impact plus ou moins important selon l’âge de l’adolescent et son profil psychologique. Cette information serait particulièrement pertinente pour développer des stratégies de prévention ciblées sur le milieu familial.

Des composantes individuelles peuvent également jouer sur ces facteurs familiaux, et certains adolescents sont ainsi plus ou moins sensibles à l’influence de leur contexte familial. Les jeunes présentant un niveau élevé d’impulsivité/recherche de sensation (désinhibition comportementale), ou d’anxiété peuvent ainsi avoir des réactions différences par rapport aux risques environnementaux liés au tabac. Les sujets présentant ces traits sont souvent plus susceptibles de développer une dépendance tabagique.

L’étude présentée dans cet article étudie donc comment les facteurs d’environnement familial pourraient prédire le risque de tabagisme quotidien chez les adolescents, et si ces facteurs pourraient fonctionner différemment chez certains types d’adolescents selon leur niveau d’impulsivité et d’anxiété.

Les résultats de cette étude confirment que le tabagisme familial est un facteur de risque de tabagisme quotidien chez les adolescents, tandis que le management familial en serait un facteur protecteur. Cela permet d’envisager que même chez des parents fumeurs, une gestion familiale efficace du tabagisme pourrait limiter l’impact chez leur adolescent.

Leurs résultats suggèrent également que les niveaux d’anxiété et de désinhibition comportementale favorisent des réactions différentes face au fonctionnement tabagique familial. Il parait ainsi essentiel de développer des approches de prévention ciblées sur le fonctionnement tabagique familial, en s’adaptant au profil psychologique des adolescents pour favoriser l’impact de ce type d’approche.

Un article de Julien Cabé 

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