Conseils aux politiques pour ne surtout rien faire en matière de drogues, tout en ayant l’air intéressé (Libération)

En France, le débat autour de législation sur les stupéfiants s'enlise dans l'immobilisme et le statu quo, tandis que la jeunesse du pays reste une des plus consommatrices de cannabis d'Europe.

Cannabis

Depuis trente ans, quarante ans, bientôt cinquante ans, tout change, tout évolue, tout se transforme, tout, sauf la législation sur les stupéfiants. Ce sujet semble tellement terrorisant, politiquement dangereux, socialement instable, du moins le pensent-ils, que les pouvoirs publics et les politiques préfèrent renvoyer à plus tard ou noyer dans des nuages de fumée ce qui ne constitue même pas une politique de santé publique. Avec leur loi de 1970, le principe de base reste le même : le salut par la prohibition et la répression plus ou moins globales, plus ou moins brutales. Cette posture remplace toute réflexion, discours, échange.

L’illusion du CBD

Cela peut même amener à la confusion des genres et des termes, telle que nous le montre l’exemple actuel des «fameux» coffee-shops à la française. L’ouverture d’un coffee-shop à Paris le mois dernier a ému les foules, laissant croire que les choses étaient en train de changer. Malheureusement non. Dans le monde entier les coffee-shops gèrent la vente du cannabis quand il est légalisé. Les coffee-shops à la française, eux, ne géreront rien et surtout pas du cannabis. Cette officine vendra du CBD, un des nombreux constituants du chanvre, mais qui ne possède aucun effet psychoactif. En un mot, le CBD n’est pas une drogue.

Le tour est bien joué : la confusion des termes laisse croire que les lignes bougent. Le coffee-shop à la française serait l’équivalent d’un caviste qui ne vendrait que du Champomy. Mais cela permet aux pouvoirs publics de dire également qu’ils ne lâchent rien sur le front de la prohibition.

Dans la même série d’enfumage, la ministre de la Santé tente de masquer l’incurie française en matière de recherche pour évaluer les qualités thérapeutiques de certaines substances psychoactives, capacités largement démontrées depuis une trentaine d’années dans tous les pays civilisés (Etats-Unis, Suisse, Pays-Bas, Grande-Bretagne). Mais il ne faut évidemment pas rater une occasion de perdre du temps.

Renforcement de la répression

Si l’immobilisme est de rigueur en matière de statut de l’usage, les dernières annonces en termes de prohibition des drogues faites par la garde des Sceaux instaurent une contraventionnalisation de la consommation de cannabis. Nicole Belloubet établit donc une amende forfaitaire de 300 euros. On ne lui en demandait pas tant. La commission parlementaire avait suggéré un montant de 150 à 200 euros.

Depuis trente ans, quarante ans, bientôt cinquante ans, tout change, tout évolue, tout se transforme, tout, sauf la législation sur les stupéfiants. Ce sujet semble tellement terrorisant, politiquement dangereux, socialement instable, du moins le pensent-ils, que les pouvoirs publics et les politiques préfèrent renvoyer à plus tard ou noyer dans des nuages de fumée ce qui ne constitue même pas une politique de santé publique. Avec leur loi de 1970, le principe de base reste le même : le salut par la prohibition et la répression plus ou moins globales, plus ou moins brutales. Cette posture remplace toute réflexion, discours, échange.

L’illusion du CBD

Cela peut même amener à la confusion des genres et des termes, telle que nous le montre l’exemple actuel des «fameux» coffee-shops à la française. L’ouverture d’un coffee-shop à Paris le mois dernier a ému les foules, laissant croire que les choses étaient en train de changer. Malheureusement non. Dans le monde entier les coffee-shops gèrent la vente du cannabis quand il est légalisé. Les coffee-shops à la française, eux, ne géreront rien et surtout pas du cannabis. Cette officine vendra du CBD, un des nombreux constituants du chanvre, mais qui ne possède aucun effet psychoactif. En un mot, le CBD n’est pas une drogue.

Le tour est bien joué : la confusion des termes laisse croire que les lignes bougent. Le coffee-shop à la française serait l’équivalent d’un caviste qui ne vendrait que du Champomy. Mais cela permet aux pouvoirs publics de dire également qu’ils ne lâchent rien sur le front de la prohibition.

Dans la même série d’enfumage, la ministre de la Santé tente de masquer l’incurie française en matière de recherche pour évaluer les qualités thérapeutiques de certaines substances psychoactives, capacités largement démontrées depuis une trentaine d’années dans tous les pays civilisés (Etats-Unis, Suisse, Pays-Bas, Grande-Bretagne). Mais il ne faut évidemment pas rater une occasion de perdre du temps.

Renforcement de la répression

Si l’immobilisme est de rigueur en matière de statut de l’usage, les dernières annonces en termes de prohibition des drogues faites par la garde des Sceaux instaurent une contraventionnalisation de la consommation de cannabis. Nicole Belloubet établit donc une amende forfaitaire de 300 euros. On ne lui en demandait pas tant. La commission parlementaire avait suggéré un montant de 150 à 200 euros.