Consommation chronique d’alcool et cirrhose : quand l’intestin trinque aussi

La consommation chronique d’alcool et la maladie alcoolique du foie peuvent affecter indépendamment l’axe intestin-foie par le biais du microbiote et de l’inflammation systémique. Leur part respective dans ces mécanismes reste à préciser.

Alcool

La consommation chronique d’alcool et la maladie alcoolique du foie peuvent affecter indépendamment l’axe intestin-foie par le biais du microbiote et de l’inflammation systémique. Leur part respective dans ces mécanismes reste à préciser. Pourtant, une part significative des patients porteurs de cirrhose poursuit des consommations d’alcool ce qui limite drastiquement les options thérapeutiques tout en aggravant l’évolution de la maladie. Cette aggravation pourrait passer par une dysbiose et une inflammation intestinale liée à la consommation d’alcool. L’objectif de cette étude était d’analyser les modifications de l’axe intestin-foie chez des patients souffrant de cirrhose alcoolique qui poursuivent des consommations d’alcool et d’autres qui sont abstinents.

139 sujets ont été inclus : 34 sujets contrôles, 37 patients cirrhotiques consommateurs d’alcool (Alc), et 68 patients cirrhotiques abstinents d’alcool (NAlc). Des prélèvements sanguins et de selles ont été réalisés, et certains sujets ont pu bénéficier d’une fibroscopie oesogastroduodénale et d’une coloscopie avec biopsies et prélèvements de fluides duodénaux. Les groupes étaients comparés en termes d’inflammation et de barrière intestinale (taux de TNF plasmatique, cytokines inflammatoires intestinales, expression d’un peptide anti-microbien iléal), de composition du microbiote, et de fonctionnalité microbienne (fonctionnement enzymatique et métaboliques, transporteurs).

Les patients Alc présentaient une dysbiose intestinale significative par rapport aux patients NAlc et aux sujets contrôle, marquée par une diminution des bactéries commensales ayant une action bénéfique. Leur microbiote était significativement plus réduit dans sa quantité et sa diversité, et altéré dans son fonctionnement par rapport aux deux autres groupes. La différence n’était pas significative entre les patients NAlc et les sujets contrôles (p=0.06).

La poursuite des alcoolisations chez un patient cirrhotique exacerberait donc l’inflammation intestinale, altérant la barrière intestinale et favorisant l’inflammation systémique. Ces phénomènes seraient associés à une toxicité du milieu intestinal et un remaniement du microbiote digestif et de son fonctionnement. L’ensemble de ces mécanismes forment un cercle vicieux participant à l’aggravation de la maladie alcoolique du foie (figure 5 de l’article).

Il semble donc impératif pour les auteurs de proposer des stratégies de réduction des dommages spécifiques pour ces patients qui ne peuvent stopper leurs consommations. Les auteurs proposent des stratégies basées sur la modulation qualitative de la sécrétion de l’acide biliaire par des stratégies centrées sur le système intestinal.

Par Nicolas Cabé

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