Consommation d’alcool et vieillissement accéléré de l’ADN.

Une consommation chronique d’alcool impacte négativement différents organes avec une mortalité accrue comparé à la population générale. Dans cette étude, les investigateurs ont utilisé l’horloge d’Horvath pour étudier le rôle de la dépendance à l’alcool dans le processus de vieillesse moléculaire sur différents organes.

Alcool

Une consommation chronique d’alcool impacte négativement différents organes avec une mortalité accrue comparé à la population générale.

Dans cette étude, les investigateurs ont utilisé l’horloge d’Horvath pour étudier le rôle de la dépendance à l’alcool dans le processus de vieillesse moléculaire sur différents organes. L’ADN fut prélevé à partir de différent organes (cerveau, foie, sang) chez 290 individus souffrant d’une dépendance à l’alcool et 355 individus contrôles.

L’horloge de Horvath permet d’estimer l’âge biologique de la personne sur le niveau de méthylation de 353 sites de l’ADN avec une capacité de prédiction de mortalité toutes causes confondues. La méthylation de l’ADN est un processus dynamique en fonction de l’interaction avec l’environnement qui permet, entre autres, de contrôler l’expression des gènes. Par exemple un individu peut avoir un « âge de méthylation ADN » de 40 ans contre un âge biologique de 30 ans donnant un âge de méthylation accéléré.

Les auteurs ont retrouvé un âge de méthylation accéléré dans une base de données de prélèvement sanguin et hépatique. Ces résultats étaient attendus cependant l’intensité de l’accélération retrouvée n’était pas si grande comparée à l’âge biologique (environ plus 2 ans). D’autant plus que la population de patients souffrant d’une cirrhose était composée de personnes avec de fortes consommations d’alcool et un stade sévère de cirrhose. Les auteurs avancent que le processus cirrhotique est connu pour influencer directement la méthylation de l’ADN pouvant biaiser ces résultats.

Un résultat étonnant est celui du frein de la méthylation de l’ADN dans les prélèvements cérébraux, y compris après ajustement sur l’âge ou le sexe. L’usage d’alcool est cependant connu pour engendrer un déclin cognitif précoce avec une diminution de la substance grise cérébrale. Ici l’absence d’augmentation de l’âge de méthylation de l’ADN est expliquée par les auteurs par un plus faible niveau de consommation de ce groupe, ainsi que de facteurs confondants – tel que la démence – qui n’ont pas été vérifiés dans le groupe contrôle. Ces résultats doivent donc être pris avec précaution.

Cette étude montre donc un effet de vieillissement épigénétique de l’alcool avec une influence différente selon les tissus.

 

Par Mikaïl Nourredine
interne en psychiatrie, DESC de pharmacologie
Service Universitaire d’Addictologie de Lyon (SUAL)

& Benjamin Rolland
MCU-PH, Responsable de Service
Service Universitaire d’Addictologie de Lyon (SUAL

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