Croyances métacognitives dans les addictions : une revue de la littérature systématique

Le concept de métacognition (que l’on pourrait définir comme le fait de « penser sur ses propres pensées ») fait référence à la capacité d’une personne à pouvoir évaluer, suivre et réguler ses propres pensées, c’est à dire la capacité à se distancier et à développer une réflexion sur ses propres activités mentales.

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Le concept de métacognition (que l’on pourrait définir comme le fait de « penser sur ses propres pensées ») fait référence à la capacité d’une personne à pouvoir évaluer, suivre et réguler ses propres pensées, c’est à dire la capacité à se distancier et à développer une réflexion sur ses propres activités mentales. Vous savez, c’est un peu la 2ème voix de la conscience que vous entendez quand vous prenez un petit verre : « çà y est, ca recommence, je n’y peux rien » ou encore «c’est quand même agréable de penser à prendre un petit verre de temps en temps, l’alcool, c’est quand même quelquechose de sympa ». Travailler sur sa métacognition, cela pourrait par exemple consister à aider le patient à identifier ces pensées, d’explorer de nouvelles façons de penser et de l’aider à modifier sa réflexion sur sa propre pensée. La notion de métacognition différencie les « croyances métacognitives » (pensées sur ses pensées : son contenu) des processus utilisés pour réguler ces métacognitions (régulation métacognitive : moyens utilisés pour réguler ses métacognitions). De plus en plus de travaux soulignent l’intérêt de mieux comprendre ces métacognitions en psychologie et en santé mentale, notamment en addictologie.

 

Dans ce travail, des chercheurs français en psychologie (EA 4057, Laboratoire de Psychopathologie et des Processus de Santé de l’Université Paris Descartes Sorbonne Cité, dirigé par le Pr Isabelle Varescon) ont souhaité faire un point sur l’intérêt de ces métacognitions en addictologie, en réalisant un travail de revue de la littérature systématique sur le sujet.

En se basant sur quelques 38 études publiées sur le sujet, ces auteurs démontrent que les croyances métacognitives sont fortement associées à l’existence de comportements addictifs et plus spécifiquement à la sévérité des troubles addictifs. Après avoir fait une revue des questionnaires évaluant ces croyances métacognitives pour différents troubles addictifs, ces auteurs passent en revue les travaux démontrant un lien entre ces croyances et la sévérité des troubles addictifs, qu’il s’agisse de métacognitions vis à vis des expériences affectives, vis à vis des capacités de régulation affective et cognitive, ou de métacognitions vis à vis des situations de craving. Ces résultats sont retrouvés à la fois pour l’alcool, le tabac et le jeu, avec à chaque fois un lien avec la sévérité du comportement addictif.

 

Ces résultats sont en accord avec l’hypothèse selon laquelle les croyances métacognitives peuvent jouer un rôle dans l’instauration et le maintien de certains comportement addictifs tels que les troubles de l’usage d’alcool, de tabac, de jeu de hasard et d’argent ou d’internet. Ce travail met également en lumière l’importance de pouvoir proposer plus d’études longitudinales sur le sujet, sans lesquelles il n’est pas possible d’inférer un lien de causalité entre ces variables. En effet, des prises en charge psychothérapeutiques centrées sur ces croyances métacognitives et leur régulation paraît un outil intéressant pour prévenir le risque de rechute d’un trouble addictif, mais nous aurions pour cela besoin d’études de méthodologie plus robuste permettant d’évaluer l’impact d’une modifications des croyances métacognitives sur le pronostic et le risque de rechute de ces addictions.

 

 

 

Par Paul Brunault 

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