Nouvelles benzodiazépines illicites : le marché noir se développe rapidement à travers le monde

Une synthèse parue dans Drug & Alcohol Dependence

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Médicaments : le marché noir des nouvelles benzodiazépines illicites se développe rapidement à travers le monde

Les études addictologiques portent souvent sur l’utilisation de benzodiazépines (BZD) ordinaires, c’est-à-dire des BZD de qualité pharmaceutique, obtenues soit par détournement, soit sur ordonnance. Mais, depuis deux décennies, les benzodiazépines font leur apparition sur les marchés des drogues illicites, et incluent de nouvelles molécules, dont les noms ressemblent à nos BZD médicamenteuses, mais ne sont pas tout à fait similaires. Il s’agit par exemple des molécules suivantes : clonazolam, diclazepam, etizolam, flualprazolam, flubromazolam et phenazepam. Les BZD illicites (BZDi) sont généralement des molécules à courte durée d’action, très puissantes, bon marché et facilement disponibles sur les marchés de rue ou sur Internet.

Dans cette revue systématique, les auteurs néerlandais (dont le très célèbre Wim van den Brink) ont voulu évaluer la disponibilité, les motifs d’utilisation, et les risques de décès liés aux BZDi. Ils ont ainsi épluché 109 études éligibles, dont 37 études sur la disponibilité, 29 études sur les motifs d’usage, et 56 études sur les décès liés à la substance. Les résultats montrent que, dans de nombreux pays, la prévalence des BZDi sur le marché des drogues illégales augmente. Les BZDi sont particulièrement populaires parmi les consommateurs d’opioïdes, car elles intensifient et/ou prolongent l’effet euphorique des opioïdes. En outre, les patients qui suivent un traitement par agonistes opioïdes peuvent utiliser des BZD mais aussi des BZDi pour remédier eux-mêmes aux symptômes de sevrage, à l’anxiété et/ou à une mauvaise qualité du sommeil.

Bien que les BZDi semblent être des produits à faible risque de décès lorsqu’ils sont utilisés seuls, l’utilisation simultanée de BZDi et d’opioïdes est extrêmement dangereuse, car elle peut entraîner des surdoses mortelles, en particulier lorsque des fentanyls fabriqués illégalement sont pollués par des BZD ou BZDi. Dans certains pays, l’utilisation simultanée de BZDi et d’opioïdes a entraîné de nombreux décès par surdose. Actuellement, certaines recommandations cliniques préconisent de ne pas prescrire des BZD aux personnes qui consomment des drogues, y compris à celles qui sont sous TSO. Cependant, de telles mesures semblent avoir l’effet pervers de faciliter le marché des BZDi. Il est important d’éduquer les usagers de substances sur ces questions.

En savoir plus : Designer benzodiazepines: Availability, motives, and fatalities. A systematic narrative review of human studies – ScienceDirect

Par Benjamin ROLLAND