La consommation chronique de méthamphétamine a été associée à des déficits cognitifs. En effet, des méta-analyses ont montré que les usagers de méthamphétamine présentaient des déficits par rapport aux sujets témoins en bonne santé dans de multiples fonctions cognitives, y compris les domaines de l’apprentissage, de la mémoire, des fonctions exécutives, de la vitesse de traitement et de l’attention. Or, les sujets avec des troubles cognitifs peuvent être prédisposés à développer des troubles liés à l’usage de substances. Par conséquent, les différences dans les fonctions cognitives entre les consommateurs de méthamphétamine et des sujets contrôles pourraient être attribuables à des facteurs pré-morbides plutôt qu’à la consommation de méthamphétamine. L’objectif de cette étude était de clarifier dans quelle mesure c’est le cas.
Des relevés de notes scolaires ont été obtenus pour 37 adultes dépendants à la méthamphétamine et 41 participants témoins de niveau d’éducation, et de QI pré-morbide, similaires. Chaque participant a réalisé une batterie cognitive complète et a reçu une imagerie par résonance magnétique morphologique. Les données issues des sujets témoins ainsi qu’une régression linéaire ont servi à élaborer un modèle normatif pour décrire la relation entre les performances scolaires des enfants et les résultats de la batterie cognitive. En utilisant ce modèle, les performances cognitives des consommateurs de méthamphétamine ont été prédites à partir de leurs résultats scolaires pré-morbides.
Les résultats ont montré que dans leur enfance, la moyenne scolaire des usagers de méthamphétamine était significativement inférieure à celle du groupe témoin (p < 0,05). De plus, les performances cognitives globales des usagers de méthamphétamine étaient plus faibles que celles prédites à partir de leur moyenne générale avant la consommation de méthamphétamine (p = 0,001), avec des déficits spécifiques d’attention/concentration et de mémoire (p < 0,01). Les troubles mnésiques étaient associés à une plus faible épaisseur corticale du cerveau entier (p < 0,05).
Ainsi, en plus d’avoir une faiblesse cognitive pré-morbide apparente, les usagers de méthamphétamine présentent une fonction cognitive subséquente significativement inférieure aux estimations pré-morbides. Bien que nécessitant d’être répliqués, ces résultats sont en faveur d’un impact délétère de la consommation chronique de méthamphétamine sur la cognition. Cependant, en dehors de l’usage de méthamphétamine per se, la consommation d’autres drogues et des facteurs non identifiés contribuent probablement aux effets observés.