Les données de la littérature concernant les personnes dépendantes aux opiacés, et en particuliers les femmes, sont peu nombreuses alors même que 25 à 30% des patients toxicomanes seraient de sexe féminin. Ces femmes semblent par ailleurs être plus sujettes aux pathologies psychiatriques, notamment en ce qui concerne les troubles dépressifs, anxieux et les troubles alimentaires.
L’association d’une dépression et de conduites addictives retentis en général fortement sur le fonctionnement des patients, et on imagine aisément que cela soit d’autant plus le cas dans un contexte de grossesse qui nécessite un haut niveau d’organisation et d’assiduité au suivi médical accompagnant la grossesse.
Cette étude a donc voulu évaluer si la présence d’un épisode dépressif pendant la grossesse chez les femmes présentant une dépendance aux opiacés avait un impact négatif sur l’observance des soins prénataux. Les auteurs ont pour cela réalisé une analyse rétrospective sur 6 ans et ont évalué l’observance aux soins en fonction du nombre de visites prénatales honorées par les patientes. Ils ont aussi étudié s’il y avait eu un séjour en unité en soins intensifs néonatal et la présence d’un syndrome de sevrage néonatal.
Sur les 74 dossiers examinés, plus de la moitié des patientes présentaient un diagnostic de dépression. Ces patientes étaient significativement moins observantes aux soins. Leurs nourrissons présentaient plus de syndrome de sevrage néonatal et séjournaient plus longtemps en soins intensifs. Les nouveau-nés des patientes sous Buprénorphine avaient des scores significativement plus bas de sevrage néonatal que celles sous Méthadone.
En conclusion, les auteurs mettent en évidence l’impact négatif de la dépression sur l’observance des soins périnataux chez les patientes dépendantes aux opiacés. Il est donc primordial de dépister et prendre en charge cette comorbidités dans cette population pour assurer un meilleur suivi au cours de la grossesse et une vie périnatale plus sereine pour le nouveau-né.