Des jeux de grattage sous le sapin ?

Le billet de Noël de Julie Giustiniani, praticienne hospitalière au Chu de Besançon

Jeux d’argent et de hasard

En février dernier sont parus les résultats de l’étude ENJEU-Mineurs menée en 2021. Il s’agit d’une recherche nationale sur la pratique du jeu de hasard et d’argent (JHA) chez des mineurs âgés de 15 à 17 ans. Les résultats montrent que près d’un tiers des jeunes de 15-17 ans ont déjà joué aux jeux de hasard et d’argent. Et si les proportions de joueur restent globalement similaires à celles observées dans les études précédentes (Baromètre santé 2014 – ESCAPAD 2017), on note toutefois une progression importante de la proportion de joueurs qui présentent un usage problématique (34.8% des joueurs, soit 12.1% de l’échantillon). L’étude décrit dans l’ensemble les habitudes de jeu des joueurs et les types de jeu privilégiés.

Mais ce qui attire plus particulièrement notre attention est l’impact des campagnes publicitaires ainsi que le rôle des parents sur l’activité de JHA. Ainsi, 86.6% des 15-17 ans disent avoir été exposé à une publicité portant sur l’activité de jeu de hasard et d’argent et que 32.3% rapportent que ces mêmes publicités ont pu constituer un élément motivant dans leur pratique du jeu. Dans le contexte actuel de la  coupe du monde de football 2022, on peut se questionner sur l’impact des publicités qui font la promotion des paris sportifs ?

Le second élément est le rôle des parents dans cette activité. Il est en effet rapporté que si l’activité de jeu est financée par l’argent de poche dans 51.9% des cas, elle est aussi financée par les parents (33% par la mère, 23% par le père) voir même réalisée en famille (45,7 % jouent avec leur mère et 35,7 % avec leur père). D’ailleurs, il est noté que le jeu en ligne, bien qu’interdit au mineur, est rendu possible bien souvent par un adulte, voir un parent (prêt du compte pour 23.6%, aide à l’ouverture d’un compte pour 19%). Enfin, il semblerait que les jeux soient offerts dans 24.6% des cas, pour un anniversaire ou pour Noël.

L’ensemble de ces données soulignent les points d’actions possible qu’elles soient dans la régulation des publicités ou dans une meilleure information des parents autour des risques encourus par une activité de jeu. Les fêtes de fin d’année approchant à grand pas, peut être cette année pouvons-nous espérer que les cadeaux retrouvés sous le sapin ne soient pas des jeux à gratter.

Julie Giustiniani