Détournement et mésusage de la gabapentine entre 2002 et 2015 : une étude originale dans Pharmacoepidemiology and Drug Safety

La gabapentine, un analogue de l’acide gamma-aminobutyrique, est largement utilisée en neurologie, en psychiatrie et en soins primaires pour le traitement de l’épilepsie et des douleurs neuropathiques.

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Par Louise Carton

 

La gabapentine, un analogue de l’acide gamma-aminobutyrique, est largement utilisée en neurologie, en psychiatrie et en soins primaires pour le traitement de l’épilepsie et des douleurs neuropathiques. Elle est également prescrite hors AMM pour le trouble d’usage de substance et peut être prise en association avec les analgésiques opioïdes pour le traitement de la douleur.

Quelques données épidémiologiques et cas cliniques suggèrent un mésusage de la gabapentine, notamment chez les patients présentant un mésusage d’opioïdes de prescription. De plus, il a été rapporté que cette molécule est utilisée afin de potentialiser les effets de la buprénorphine et de la méthadone. La gabapentine et la buprénorphine sont notamment utilisées ensemble afin d’obtenir une sensation d’euphorie. Malgré ces éléments, le détournement de ce traitement est peu étudié.

Dans ce contexte,  les auteurs ont étudié les données concernant le détournement et le mésusage de gabapentine entre 2002 et 2015 à partir d’un échantillon national issu d’investigateurs enquêtant sur les pratiques de détournement médicamenteux. Ainsi, la survenue de cas a été collectée à partir d’une étude trimestrielle évaluant le détournement médicamenteux et complété par un échantillon national issu des services de lutte contre le détournement. Les taux de détournement de gabapentine pour 100 000 habitants ont été calculés pour chaque trimestre entre 2002 et 2015. Les données qualitatives ont été obtenues par un questionnaire complété par un sous-échantillon de sujets ayant répondu à l’étude.

Au total, 407 nouveaux cas de détournement de gabapentine ont été rapportés pendant la période d’étude, avec un taux de détournement en augmentation constante : de 0 cas pendant les deux premiers trimestres de 2002 jusqu’à 0,027 cas pour 100 000 habitants dans le dernier trimestre de 2015. Les données qualitatives suggéraient un mésusage de la gabapentine en association avec les opioïdes de prescription. La gabapentine et l’héroïne étaient également consommées ensemble. L’augmentation récente dans le détournement de la gabapentine pourrait ainsi être liée à « l’ épidémie des opioïdes », avec un explosion de la prescription de ces antalgiques entre 2002 et 2010.

A l’heure actuelle, les données épidémiologiques concernant le détournement et le mésusage de ce traitement sont limitées et d’autres études sont nécessaires afin de mieux comprendre ce phénomène. Une surveillance accrue de ces pratiques est essentielle.

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