Overdoses : en Angleterre, une enquête participative auprès d’usagers de drogues montre l’intérêt d’ouvrir un centre de prévention dédié

Un article paru dans la revue International Journal of Drug Policy (IJDP).

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Overdoses en Angleterre une enquête participative auprès d'usagers de drogues montre l'intérêt d'ouvrir un centre de prévention dédié
Image de Pixabay

En France, l’existence des CAARUD (Centres d’Accompagnement à la Réduction des Risques pour les Usagers de Drogues) est une évidence. Pour autant, il faut se remémorer à quel point l’implémentation de ce type de structures sur l’ensemble de notre territoire dès le début des années 2000, était révolutionnaire, comparé à ce qui était fait (ou plutôt pas fait) dans les autres pays. Cela a sans doute constitué la queue de comète d’une période innovante et brillante de la politique française de santé publique en matière d’addictions, période qui semble loin derrière nous désormais.

Ailleurs, l’organisation de la réduction des risques est souvent moins structurée. Des centres de prévention des overdoses (CPO) ont été ouverts dans le cadre de la réduction des risques dans une vingtaine de pays, dont un dernièrement au Royaume-Uni.

Dans un contexte de hausse du taux de décès liés à la consommation de drogue, une enquête participative auprès des usagers a été menée en Angleterre. Elle visait à évaluer la nécessité d’ouvrir un CPO dans la région de Sandwell, en analysant les expériences et les points de vue des consommateurs de drogues locaux.

Des données qualitatives ont été collectées par le biais de trois « focus groups », à l’aide de 20 entretiens réalisés dans la rue avec des consommateurs de drogues, mais aussi d’observations au cours de quatre sessions ethnographiques sur le terrain. Il s’agissait d’un projet participatif basé sur la communauté, qui incluait la consultation de personnes qui représentaient les usagers de drogues lors de la conception de l’enquête, et la participation de chercheurs pairs lors de la collecte, de l’analyse et de la diffusion des données.

Les résultats montrent comment la menace d’une interaction entre le public et la police dans les espaces semi-publics de consommation de drogues conduit à des pratiques d’injection précipitées, entrave une mauvaise gestion de l’accès veineux et augmente le risque de dommages liés à l’injection.

Les participants à l’enquête se sont montrés enthousiastes à l’égard du concept de CPO pour sa capacité à :

  • réduire les risques pendant l’injection de drogues,
  • baisser le nombre de décès en lien avec l’injection de drogues,
  • assurer la sécurité des usagers,
  • prévenir les expériences traumatisantes avec la police.

Les participants ont également fait part de leurs inquiétudes quant à la perception négative de leur communauté par le public, considérant le CPO comme une solution potentielle pour améliorer les relations avec la communauté en réduisant les déchets liés à la drogue.

Les auteurs de cette enquête concluent qu’il est urgent d’ouvrir un CPO localement, compte tenu des risques actuels liés aux pratiques d’injection précipitées, du manque d’espaces sûrs et de la présence croissante de nitazènes (opioïdes surpuissants) et autres contaminants dans l’approvisionnement en drogues au Royaume-Uni. L’affirmation des usagers de drogues locaux selon laquelle un CPO serait une intervention appropriée et efficace doit être considérée comme une priorité par les décideurs.

En savoir plus : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S095539592500115X

Par Benjamin ROLLAND