
En France, l’existence des CAARUD (Centres d’Accompagnement à la Réduction des Risques pour les Usagers de Drogues) paraît une évidence, mais il faut se rendre compte à quel point l’implémentation au niveau national ce genre de structures dès le début des années 2000, avait un aspect révolutionnaire, par rapport à ce qui était fait (ou plutôt pas fait) dans les autres pays. Cela a sans doute constitué la queue de comète d’une période innovante et brillante de la politique française de santé publique sur les addictions, période qui semble loin derrière nous désormais.
Ailleurs, l’organisation de la réduction des risques est souvent moins structurée. Des centres de prévention des overdoses (CPO) ont été mis en place dans le cadre de la réduction des risques dans une vingtaine de pays, dont un qui vient d’ouvrir ses portes au Royaume-Uni. Dans un contexte de hausse des taux de décès liés à la drogue, cette étude visait à évaluer la nécessité d’ouvrir un CPO à Sandwell, en Angleterre, en examinant les expériences et les points de vue des consommateurs de drogues locaux.
Des données qualitatives ont été collectées par le biais de trois focus groups, de 20 entretiens dans la rue avec des personnes qui consomment des drogues et d’observations lors de quatre sessions ethnographiques sur le terrain. Il s’agissait d’un projet participatif basé sur la communauté, qui incluait la consultation de personnes représentant les usagers de drogues lors de la conception de l’étude, et la participation de chercheurs pairs lors de la collecte, de l’analyse et de la diffusion des données.
Les résultats montrent comment la menace d’une interaction entre le public et la police dans les espaces semi-publics de consommation de drogues conduit à des pratiques d’injection précipitées, entrave une mauvaise gestion de l’accès veineux et augmente le risque de dommages liés à l’injection. Les participants se sont montrés enthousiastes à l’égard du concept de CPO et de sa capacité à réduire les risques liés à l’injection et les décès dus à la drogue, à assurer la sécurité et à prévenir les expériences traumatisantes avec la police. Les participants ont également fait part de leurs inquiétudes quant à la perception négative de leur communauté par le public, considérant le CPO comme une solution potentielle pour améliorer les relations avec la communauté en réduisant les déchets liés à la drogue.
Les auteurs concluent qu’il est urgent de mettre en place un CPO localement, compte tenu des risques actuels liés aux pratiques d’injection précipitées, du manque d’espaces sûrs et de la présence croissante de nitazènes et d’autres contaminants inattendus dans l’approvisionnement en drogues au Royaume-Uni. L’affirmation des usagers de drogues locaux selon laquelle un CPO serait une intervention appropriée et efficace doit être considérée comme une priorité par les décideurs politiques.
En savoir plus : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S095539592500115
Par Benjamin ROLLAND