Enquête sur les nouvelles drogues de synthèse

Disponibles en un clic, les NPS profitent d'une faille juridique pour se répandre comme une traînée de poudre.

Autres drogues

Quand Jean-Louis* a ses envies de « paradis artificiels », il ne passe plus par des contacts douteux, des dealers véreux et s’exonère des virées glauques dans les quartiers peu fréquentables. Calé dans son canapé, son ordinateur portable sur les genoux, il achète ses drogues préférées sur… Internet. Dix minutes plus tard, la commande est enregistrée. Il a même eu droit à une offre de réduction spéciale été. « Tout se fait en ligne, c’est rapide et facile, explique-t-il. Et il n’y a plus qu’à se faire livrer. »

Quatre jours plus tard, ses achats arrivent par courrier, sous pli discret. A l’intérieur, pas de cocaïne ni de cannabis, qui tomberaient sous le coup de la loi sur l’usage de stupéfiants (un an d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende), mais des dérivés synthétiques aux noms barbares : ETH-LAD, 2C-D, 5F-AKB48, 3-FPM, etc. Certains imitent les effets de l’herbe en les démultipliant, d’autres sont des hallucinogènes dérivés du LSD ou de la mescaline, ou encore des stimulants aux effets se situant entre la cocaïne et la MDMA. « J’aime aussi le 2C-E, de la même famille que le 2C-D, et le 6-APB, un psychédélique », ajoute Jean-Louis, comme s’il se trouvait devant une boîte garnie de chocolats.

Une pléiade de moyens de paiement

Selon ce grand consommateur, il arrive parfois que la livraison ne parvienne pas à destination, mais c’est plutôt rare. Pour en avoir le coeur net, nous avons tenté l’expérience à L’Express en achetant cinq substances chez différents revendeurs : toutes ont été livrées à bon port contre une centaine d’euros. Et pas besoin d’avoir des compétences informatiques particulières : si quelques sites ne sont accessibles que sur le deep web (« web caché ») et exigent de payer en bitcoins, la plupart sont référencés par les moteurs de recherche traditionnels.

Dès lors, ils offrent une pléiade de moyens de paiement : cash via courrier postal, cartes bancaires auprès d’établissements asiatiques ou virement international – le nôtre a été effectué sur un compte ING Direct d’une société basée à Amsterdam, Flexy Trade BV. Se faire livrer à domicile ces nouvelles drogues, les « research chemicals » ou « legal highs » comme les appellent les consommateurs, est d’une facilité déconcertante.