Facteurs prédictifs des troubles de l’usage de l’alcool chez l’adulte jeune : une revue systématique des études longitudinales

Alcool

Objectifs : Les troubles de l’usage de l’alcool (AUDs) sont très invalidants sur le plan neuropsychiatrique. Bien que ces troubles de l’usage de l’alcool soient une réalité extrêmement préoccupante chez les jeunes adultes, peu d’études ont exploré les facteurs prédictifs au cours de la vie entière. Il est essentiel d’évaluer les facteurs qui peuvent avoir une influence sur ces troubles au cours de l’enfance et pendant l’adolescence, pour éviter l’apparition de troubles de l’usage de l’alcool chez l’adulte jeune, en ayant recours à des stratégies de prévention et d’intervention adaptées. Cette revue de la littérature a pour but d’évaluer les liens au cours du temps entre les facteurs prédictifs au cours de l’enfance et l’adolescence et la survenue d’un trouble de l’usage de l’alcool (diagnostiqué cliniquement) chez l’adulte jeune.

Méthodes: Nous avons effectué une recherche systématique des facteurs prédictifs des troubles de l’usage de l’alcool chez l’adulte jeune évalués dans les études longitudinales dans les bases de données PubMed, Scopus, PsycINFO et Embase. Les données ont été extraites et leur qualité a été évaluée à l’aide de l’échelle de Newcastle-Ottawa (recherche de biais de publication dans les études longitudinales, les études de cohortes). Nous avons effectué notre analyse en regroupant les facteurs prédictifs dans 6 domaines principaux.

Résultats et Conclusion : 22 études répondaient aux critères d’éligibilité. Dans toutes les études, les troubles de l’usage de l’alcool ont été évalués selon les critères du manuel statistique et diagnostic des troubles mentaux (DSM-5). Notre revue de la littérature suggère l’existence de liaisons fortes entre les symptômes externalisés pendant l’adolescence et les troubles de l’usage de l’alcool chez l’adulte jeune, qui persistent même lorsque les symptômes externalisés surviennent dans le cadre d’une consommation de drogues illicites. Les résultats concernant le rôle des symptômes intériorisés et de la précocité de la consommation d’alcool ne sont pas concluants. Les facteurs environnementaux jouent un rôle influent mais évoluent avec le temps. Pendant l’adolescence, la consommation d’alcool de la mère prédit la survenue précoce de troubles de l’usage d’alcool, alors que le contrôle parental et l’investissement dans les études sont protecteurs. L’influence des pairs et des parents diminue à l’âge adulte.

Cela justifie de nouvelles grandes études longitudinales de haute-qualité pour identifier les voies distinctes de développement à l’origine des troubles de l’usage de l’alcool et pour évaluer le rôle des symptômes intériorisés précoces et de l’initiation précoce de la consommation d’alcool.


Cette revue de la littérature, publiée dans Alcohol & Alcoholism, évalue la pertinence des facteurs de risque et de protection « au cours de la vie » vis-à-vis des troubles de l’usage de l’alcool, et met en évidence leur évolution avec le temps.

Les conséquences en termes de morbidité et de mortalité liées aux troubles de l’usage de l’alcool sont importantes (OMS, 2014) : 5,9% des décès dans le monde sont imputables à l’alcool. Il existe des facteurs de vulnérabilité, individuels et environnementaux, mais aussi des facteurs de protection contre les troubles de l’usage de l’alcool.

Le contrôle parental et le soutien parental représentent des facteurs de protection contre les troubles de l’usage de l’alcool et des autres drogues licites et illicites (Choquet et al., 2008).

L’initiation précoce d’alcool représente au contraire un facteur de risque de présenter un trouble de l’usage de l’alcool ou d’une autre substance psychoactive à l’âge adulte (Lipperman-Kreda et Grube, 2019), tout comme la précocité de la première ivresse (Kuntsche et al., 2013).