C’est une poudre blanche qui tient en éveil les noctambules et les travailleurs épuisés. La cocaïne est pourtant très dangereuse et, sans produits de substitution, les médecins se trouvent bien démunis pour soigner les addictions à cette drogue, admet le professeur Amine Benyamina, chef du service psychiatrie-addictologie à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne).
Constatez-vous une hausse des consultations pour addiction à la cocaïne ?
AMINE BENYAMINA. En ce moment, c’est pratiquement un patient sur deux ! La demande est tellement importante que désormais tous les addictologues de mon service reçoivent des cocaïnomanes en consultation. Ce phénomène est étonnant. Que se passe-t-il ? Est-ce un effet du Covid ? Depuis des années, on constate une hausse de la consommation mais je dirai, qu’il y a, un effet loupe évident, ces derniers mois. On fait face à une épidémie de cocaïne.
Qui en consomme ?
Tout le monde ! Dans les années 1980, cette drogue était réservée à une élite, à la presse audiovisuelle, aux chefs d’entreprise. Aujourd’hui, il n’y a plus de déterminisme social. C’est un étudiant en école de commerce, un jeune employé d’une boîte de pub, des journalistes, beaucoup, des soignants, aussi. Des gamins en consomment de temps en temps et la cocaïne circule même dans des lycées. En consultation, les plus jeunes patients ont 16 à 17 ans.