La cohorte australienne ATOS (Australian Treatment Outcome Study) suit depuis 2001 plus de 600 usagers d’héroïne. Ces sujets ont été recrutés dans des structures de soins, mais aussi de réduction des risques et des dommages.
La cohorte fournit des données complètes de consommation sur 10 ans pour plus de 400 sujets. Ces données ont été analysées à l’aide d’un outil statistique particulier de clusterisation en trajectoires. En gros, l’outil statistique définit des groupes de trajectoires homogènes au sein de la population.
Les usagers d’héroïne n’ont pas une trajectoire de consommation uniforme. La modélisation statistique a défini 6 types de trajectoires différentes. La première trajectoire, appelée « no decrease », concerne 22,1% des sujets. Il s’agit d’usagers qui ont maintenu de manière constante au cours des 10 ans, des fortes consommations d’héroïne. Au contraire la deuxième trajectoire, appelée « rapid decrease + maintained abstinence », concernait 16.2% des sujets, et consistait en un arrêt définitif au décours d’une période plus ou moins courte. Les autres trajectoires étaient des intermédiaires entre les deux premières. Il existe notamment un groupe (19,1% des sujets) associé avec une forte consommation initiale puis un usage beaucoup plus ponctuel. Des facteurs sociodémographiques, addictologiques, et psychiatriques, étaient associés à l’appartenance à tel ou tel groupe de trajectoire.
Cette étude confirme de manière assez nette ce qui avait déjà été constaté avec d’autres troubles d’usage de substance: le sujet addict n’a pas un destin gravé dans le marbre de rechutes inéluctables. Le profil évolutif est au contraire très hétérogène, et l’addiction, comme toute maladie chronique, a un pronostic très variable, qui résulte d’une permanente équation biopsychosociale.