Jeu pathologique et Accidents de la route

Cette étude canadienne a pour originalité de comparer les risques d’accidents de la route chez des joueurs avec habitudes de jeu problématiques et ceux ne présentant pas d’habitudes de jeu problématiques.

Jeux d’argent et de hasard

Les enquêtes épidémiologiques montrent qu’un certain nombre de facteurs sont associés au jeu pathologique, notamment les consommations de tabac et d’alcool. Les conséquences liées à ce trouble sont essentiellement psycho-sociales et ont un retentissement sur l’entourage.

Cette étude canadienne a pour originalité de comparer les risques d’accidents de la route chez des joueurs avec habitudes de jeu problématiques et ceux ne présentant pas d’habitudes de jeu problématiques.

Pour se faire, un suivi longitudinal d’une cohorte d’individus a été réalisée à Ontario au Canada. Les auteurs ont utilisé un auto-questionnaire s’intéressant aux conséquences du jeu, le PGSI (Problem Gambling Severity Index) afin de distinguer les joueurs non problématiques, et les joueurs avec habitudes de jeu à risque (faible, modéré et problématique). Toutes les personnes incluses étaient suivies dans le temps, et la survenue d’un accident de la route dans lequel le sujet était impliqué soit comme conducteur, piéton ou cycliste était signalé via les bases données de l’assurance maladie.

Au total, 30 652 adultes ont été inclus, dont 52% joueurs auto-déclarés, incluant 49% de joueurs non problématique, 2% de joueurs avec habitudes de jeu à faible risque et 1% de joueurs problématiques. Durant une durée moyenne de 6,8 années, 708 participants (2%), ont été impliqués dans des accidents de la circulation. Le risque absolu d’avoir un accident de la route était de 6,4 pour 1000 individus par an (95% IC 3.7-10.4) chez les joueurs problématiques et de 3,6 pour 1000 individus par an chez les joueurs non problématiques. Le risque relatif d’avoir un accident de la route était significativement plus élevé chez les joueurs problématiques que chez les joueurs non problématiques (1.68, 95% IC 1.03-2.76). Par ailleurs le risque relatif d’avoir un accident quand le joueur était en positon de conducteur était augmenté chez les joueurs problématiques par rapport aux joueurs non problématiques (RR 1.97, 95% IC 1.13-3.43).

Cette étude donc a mis en évidence un risque plus important d’avoir un accident de la route pour les conducteurs avec habitude de jeu problématique. Des études supplémentaires explorant les mécanismes sous-jacents de ces associations seraient nécessaires, notamment en s’intéressant aux comorbidités psychiatriques et aux consommations de substances psychoactives concomitantes.

Dr ANGERVILLE Bernard

Service de psychiatrie et d’addictologie-CHU Amiens Sud

Groupe de recherche sur l’alcool et les pharmacodépendances (GRAP) Inserm U1247

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