Alors que l’abstinence a longtemps été considérée comme le seul objectif viable et acceptable pour un individu cherchant à résoudre sa pratique excessive du jeu, le concept de jeu « contrôlé » a également émergé, basé sur une limitation des comportements de jeu plutôt que leur arrêt. Cette approche peut sembler plus réaliste et plus attrayante pour les joueurs cherchant à se rétablir, compte tenu de la difficulté perçue à atteindre – au moins dans un premier temps – l’abstinence totale, menant possiblement à l’abandon du traitement.
La première question à se poser est donc de savoir quel est votre objectif de changement : arrêter totalement ou limiter votre pratique de jeu ? Il faut vous fixer un objectif qui soit réaliste et accessible afin de ne pas vous décourager. Cet objectif peut aussi évoluer dans le temps, au fur et à mesure de vos progrès dans votre processus de changement.
Si vous souhaitez limiter et non arrêter totalement, il est primordial de se fixer un objectif précis (chiffré), et de se fixer trois limites :
- une limite de fréquence de jeu : « un ou deux jours par semaine ? »,
- une limite de temps passé à jouer:« vingt minutes ? une heure ? »
- une limite d’argent dépensé à jouer: « quelle somme d’argent puis-je me permettre de perdre ? ».
Vos limites doivent être compatibles avec vos contraintes familiales, financières… Elles doivent être claires, au risque sinon de les transgresser trop facilement et de revenir progressivement au comportement de jeu excessif précédent, sans en avoir totalement conscience.
Vous pouvez également décider d’arrêter de jouer complétement. Il est parfois plus facile de renoncer complétement à jouer que de dépenser beaucoup d’énergie à essayer de se limiter, avec les tentations de transgressions que cela implique. Si votre objectif est l’abstinence totale, il peut être utile d’identifier en amont d’autres activités (travail, loisirs, famille, amis…) dans lesquelles vous pourriez vous investir avec plaisir, et qui viendront compenser le vide laissé par le jeu, afin de ne pas trop ressentir le manque. Soyez vigilant, d’une part, à ne pas remplacer la pratique du jeu par un comportement qui pourrait lui-même devenir addictif (soyez attentifs par exemple à vos consommations d’alcool pour ne pas compenser l’arrêt du jeu en buvant plus). D’autre part, informez votre entourage de votre démarche, notamment si l’entourage joue aussi pour limiter les tentations liées à des invitations à jouer. Les pensées permissives (qui autorisent le retour au jeu) sont parfois des pièges : « J’ai bien mérité de faire un petit pari après cette journée de travail bien remplie ! » ou encore « Je suis invité à cette soirée poker avec des amis, je ne peux pas refuser à un copain »). Il faut savoir les identifier et les contrer, et l’entourage peut être aidant dans ce cadre dès lors qu’il est au courant de votre démarche.
Quoi qu’il en soit, il peut être judicieux de remplir un calendrier de comportement de jeu, afin de pouvoir faire le bilan et voir si vous avez « tenu ». En cas d’écart avec la conduite à laquelle vous aviez souhaité vous tenir, soyez bienveillant avec vous-même. Ne vous blâmez pas, et utilisez plutôt cet écart pour en analyser les raisons : « Quels sont les évènements ou les émotions que j’ai pu ressentir et qui m’ont poussé à jouer aujourd’hui spécifiquement ? ».
Les comportements addictifs sont complexes, et les mécanismes en jeu représentent un défi face auquel la seule bonne volonté ne suffit pas toujours. Ce changement de comportement peut prendre du temps, et il est primordial de ne pas culpabiliser en cas de rechute. Les injonctions à arrêter peuvent être sources d’anxiété et de découragement, il faut donc préparer son changement, et prendre le temps de comprendre son comportement de jeu avant toute chose.
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