Certaines personnes qui ont une problématique avec les jeux d’argent et de hasard peuvent tenter de dissimuler l’ampleur de leur comportement de jeu à leur entourage, dans le but de ne pas inquiéter leurs proches ou de cacher les pertes financières liées à la pratique de jeu, malgré les conséquences négatives qui en découlent. Parfois, les joueurs excessifs peuvent ne pas se sentir compris par leur entourage, et à l’inverse, les proches peuvent avoir du mal à appréhender un comportement qu’ils jugent inapproprié. L’incompréhension entre le joueur et ses proches peut ainsi conduire à un fort isolement (du joueur ou du proche), à des conflits (en cas de découverte fortuite des problèmes de jeu par les proches par exemple), ou même à des ruptures (amoureuses, amicales, ou familiales). En tant que proche, comment aider un joueur en difficulté avec sa pratique de jeu, tout en se protégeant soi-même ? En tant que joueur, comment partager avec ses proches ses difficultés avec le jeu et la perte de contrôle ?

La difficile compréhension de votre entourage

Vous avez décidé de limiter ou d’arrêter votre pratique de jeu problématique, et vous ne comprenez pas pourquoi vos proches ne semblent pas vous soutenir ou remarquer de changement ?

En effet, même si vous parvenez à changer votre pratique de jeu, ces changements peuvent ne pas être repérés par votre entourage, du moins pas à la hauteur des efforts que vous fournissez. Cela peut être dû à une perception différente du rapport au jeu (par exemple, vous pouvez considérer que vous avez fortement réduit votre pratique alors que votre proche trouvera que vous jouez encore beaucoup par rapport à ce qui lui semble être une pratique de jeu « normale ») ou tout simplement à un historique compliqué (lié par exemple à des mensonges pour cacher la pratique du jeu, qui ont mis à mal la confiance de votre proche). Par ailleurs, même si vos proches sont au courant de votre démarche et de votre souhait de modifier votre comportement de jeu, il se peut que vos débuts soient balbutiants, et que vos éventuelles rechutes les effraient.

Pour favoriser une compréhension mutuelle et des échanges sereins, n’hésitez pas à communiquer avec vos proches sur les changements qui s’opèrent en vous, vos efforts et difficultés pour combattre votre addiction, et ce que vous apprenez sur les mécanismes de cette maladie. Leur rappeler qu’il s’agit d’une pathologie complexe, qu’il ne s’agit pas uniquement d’une question de motivation ou de volonté, peut les aider à mieux comprendre ce que vous traversez. Leur décrire les difficultés que vous rencontrez pour tenir vos engagements de réduction ou d’arrêt du jeu peut leur permettre de vous soutenir dans les périodes difficiles. Les professionnels de santé qui vous accompagnent peuvent également leur expliquer, n’hésitez pas à impliquer vos proches dans votre prise en charge.

Enfin, il y a peut-être dans votre entourage des personnes qui sont également joueurs. N’hésitez pas à leur faire part au plus vite de votre décision de changer votre comportement de jeu, afin qu’ils puissent limiter les invitations à jouer et vous apporter également leur soutien.

L’entourage familial du joueur excessif

L’entourage familial d’un joueur excessif est souvent mis à mal. Il découvre parfois tardivement la réalité des problèmes et, surtout, l’ampleur des pertes financières. L’entourage familial peut alors ressentir beaucoup de colère due au sentiment d’avoir été trahi, aux mensonges qui ont duré si longtemps ou à la promesse non tenue du joueur excessif d’arrêter de jouer. Les proches peuvent aussi manifester de l’inquiétude : comment faire face ? Comment la situation va-t-elle évoluer ? Est-il possible de s’en sortir ? La tristesse est parfois présente, en raison du constat d’échec. La honte ressentie peut également empêcher de parler des problèmes à l’extérieur du cercle familial, ce qui accentue l’isolement ressenti. L’entourage peut également ressentir de la culpabilité : comment n’ai-je pas pu voir à quel point la situation a dérapé ?

Toutes ces émotions négatives sont naturelles, mais ne facilitent pas la relation avec le joueur, également envahi du même type d’émotions : la colère de ne pas réussir à s’en sortir seul, la honte de ne pas parvenir à retrouver le contrôle, la culpabilité des dettes accumulées… Et pourtant, le joueur a besoin du soutien de son entourage pour pouvoir évoluer dans sa pratique de jeu. Il est primordial que l’entourage ait conscience que le jeu problématique n’est pas un vice, mais une pathologie qui échappe au contrôle du joueur. Ainsi, il est utile pour l’entourage de s’informer sur les jeux d’argent et de hasard, leurs mécanismes, et les risques qu’ils comportent (psychologiques, financiers…). C’est en comprenant mieux la façon de penser et d’agir du joueur problématique que l’entourage pourra apporter une aide adaptée s’il le souhaite.

Comment parler des problèmes de jeu avec un joueur

Les problèmes de jeu sont souvent repérés par l’entourage avant même que celui-ci ne se rende compte de sa dépendance et de ses difficultés. Le comportement du joueur peut être source d’inquiétude ou d’agacement pour l’entourage. Il peut parfois laisser les proches avec un sentiment d’incompréhension, voire d’impuissance. Bien souvent, les personnes entourant le joueur vont vouloir lui faire admettre qu’il a un problème, mais cela peut créer des résistances chez le joueur.

Voici quelques conseils pour aborder le sujet :

• Choisissez le bon moment : quand le joueur évoque ses difficultés, qu’il a des remords sur sa pratique de jeux…
• Evitez un moment où le joueur est pris par le jeu.
• Soyez à l’écoute, dans le non-jugement et la bienveillance.
• Acceptez l’ambivalence présente chez les joueurs : le jeu est pour eux à la fois un problème et une solution.
• Parlez de vos ressentis sans être dans l’accusation, comme par exemple « Je m’inquiète pour toi. » ou encore « J’aimerais t’aider, comment puis-je faire ? ». Faites également part de vos besoins et des limites que vous souhaitez voir posées pour vous-même, comme par exemple, ne pas prêter d’argent pour compenser des pertes.
• Proposez votre aide si la personne est dans un souhait de changement et la volonté d’engager une démarche de soins.
• Valorisez les changements positifs, même s’ils semblent minimes.

Soutenir tout en se protégeant

Les proches d’une personne souffrant d’addiction, dans leur souhait de l’aider, ressentent souvent un besoin excessif de contrôler ou de « sauver » la personne dépendante, parfois au détriment de leur propre santé émotionnelle. Il est essentiel de reconnaître les signes de la codépendance : négliger ses propres besoins et s’adapter constamment aux actes de son proche, se sentir responsable de son bien-être, ou être obsédé par le comportement de la personne dépendante, avec une tendance à contrôler la personne en la déresponsabilisant et en faisant des choix à sa place.

Pour éviter ce piège, gardez à l’esprit que vous avez vous aussi besoin de prendre soin de vous. Votre désir d’aider est naturel, mais il est essentiel de comprendre que vous ne pouvez pas résoudre le problème à la place de votre proche. L’addiction est une responsabilité personnelle. Évitez de tomber dans la surprotection et fixez des limites claires et fermes : vous pouvez soutenir votre proche, mais celui-ci doit être acteur de  son propre rétablissement.

Si vous souhaitez trouver des ressources pour être aidé en tant que proche d’une personne qui souffre d’addiction.

Les dettes

Les conséquences négatives du jeu excessif les plus visibles et souvent les plus inquiétantes pour les proches sont financières. Les sommes engagées dans la pratique du jeu peuvent être considérables, et bien au-delà des capacités financières de la personne. Le joueur excessif, qui veut se « refaire », peut persister dans sa pratique de jeu en se disant que c’est le seul moyen de gagner beaucoup d’argent d’un coup, et qu’après ce gros gain, promis il arrêtera. Certains joueurs empruntent de l’argent à leur entourage, parfois même à leur insu, ce qui peut être source de conflits et de tension.

En tant que proche, vous ne devez pas vous laisser convaincre par la promesse du « dernier gain » qui remettrait toute la situation à plat. Il s’agit en effet d’une « fausse croyance » (ou croyance erronée). Donner ou prêter de l’argent risquerait d’entretenir le comportement addictif. Confronter le joueur aux conséquences négatives de sa pratique de jeu l’aidera à prendre conscience de son jeu excessif et pourra l’inciter au changement.

Chaque cas étant unique (en cas de mariage avec un joueur, et donc de solidarité de dettes, ou si vous êtes parent d’un joueur), quoi qu’il en soit ne restez pas seul/e face à ces considérations financières et demandez l’avis d’un conseiller bancaire ou d’une assistante sociale. Il sera toujours primordial d’assurer votre sécurité financière et de mettre à l’abri votre argent personnel.