La cigarette électronique – ou e-cigarette- aide-t-elle vraiment à arrêter de fumer ?
Cela fait plusieurs années que la question se pose, et il ne semble pour l’instant pas y avoir de consensus clair et établi dans le monde scientifique.
En effet, lorsqu’on parle de sevrage tabagique, la situation est plus complexe qu’il n’y parait : outre la diversité méthodologique employée dans les différents essais cliniques pour étudier la place de la cigarette électronique dans le sevrage, il existe beaucoup d’autres facteurs pouvant jouer sur l’arrêt du tabac, et ces facteurs – dits de confusion – ne sont pas toujours pris en compte.
Tout d’abord, l’usage de la cigarette électronique peut être étroitement lié à l’usage <du tabac. Nombreux sont les individus qui continuent de fumer en parallèle de la vapoteuse.
Ensuite, les comportements des fumeurs diffèrent selon les pays en fonction des régulations et taxes en vigueur. Par exemple, certains pays ont adopté une politique de prévention publique avec des mesures strictes concernant la vente des cigarettes. C’est le cas en France, où le prix du paquet de cigarettes – aujourd’hui autour de 10€ – s’est envolé depuis vingt ans (il était en moyenne à 6€ en 2010, et équivalait à 3€ en 2000), et où le paquet neutre a été adopté plus récemment. Le but de ces mesures contraignantes étant évidemment de faire baisser le nombre de fumeurs.
D’un autre côté, la régulation de la vente des cigarettes électroniques diffère également selon les régions du monde. Certains pays comme l’Australie ou le Japon interdisent ainsi la vente de liquides avec de la nicotine, que l’on ne peut se procurer que sur ordonnance ; D’autres, une trentaine (dont l’Inde, la Turquie, l’Argentine) interdisent tout simplement l’usage de la vapoteuse, sous peine d’amende.
Enfin, il existe aujourd’hui de multiples dispositifs pour arrêter de fumer (substituts nicotiniques tels que le patchs, l’inhaleur, les gommes, des thérapies diverses et variées, des applications sur smartphones, des numéros d’aide, etc…), qui sont plus ou moins pris en compte dans le sevrage avec cigarette électronique selon les études.
Les chercheurs se sont ici posé la question de l’impact de la cigarette électronique sur le nombre de tentatives de sevrage tabagique, le taux de succès des sevrages, et le nombre de cigarettes fumées par jour, chez des personnes fumant régulièrement et résidant en Angleterre.
Pour cela, ils ont utilisé une base de données obtenue à partir des réponses à un questionnaire sur la consommation tabagique chez 220 000 participants âgés de plus de 16 ans.
Les résultats montrent que l’utilisation de la cigarette électronique est associée à un plus fort taux de succès du sevrage tabagique, et ce indépendamment de l’utilisation ou non d’autres méthodes pour arrêter de fumer.
En revanche, cette utilisation n’est pas associée au nombre de cigarettes fumées par jour, ni au nombre de tentatives d’arrêt.
On peut donc penser que la cigarette électronique permettrait aux personnes fumeuses et sérieusement engagées dans un projet de sevrage d’optimiser leurs chances d’y parvenir. En revanche, vapoter ne semble pas augmenter le nombre de tentatives d’arrêt du tabac chez une personne qui continue à fumer, et ne parait pas diminuer le nombre de cigarettes fumées par jour hors tentative de sevrage.
Dans le cadre d’un projet sérieux et planifié de sevrage tabagique, la cigarette électronique parait donc être un outil utile permettant de maximiser les chances de succès de l’arrêt.
A noter aussi que si cet article étudie uniquement l’impact de la cigarette électronique seule sur l’arrêt du tabac, celle-ci peut être utilisée en complément des autres approches ou dispositifs existants.