La double crise des opioïdes, un appel à l’équilibre : un numéro spécial dans Pharmacoepidemiology and drug safety

Dans ce numéro spécial de Pharmacoepidemiology and Drug Safety, plusieurs articles traitent de l'usage approprié des opioïdes. Il s’agit d’une thématique d’autant plus importante que la « crise des opioïdes » rencontrée aux États-Unis a été considérée comme une urgence nationale de santé publique.

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Dans ce numéro spécial de Pharmacoepidemiology and Drug Safety, plusieurs articles traitent de l’usage approprié des opioïdes. Il s’agit d’une thématique d’autant plus importante que la « crise des opioïdes » rencontrée aux États-Unis a été considérée comme une urgence nationale de santé publique.

Cependant, il est important de garder à l’esprit que même si le mésusage des opioïdes constitue un véritable épidémie, cette classe médicamenteuse reste une option thérapeutique indispensable dans la prise en charge de la douleur, avec un accès inégal aux soins. La crise des opioïdes peut alors être vue comme le reflet d’une double problématique : celle d’un usage non médical, et celle d’un symptôme algique non contrôlé. Bien que les deux aspects soient importants, actuellement les préoccupations autour du mésusage semblent être prioritaires par rapport à la gestion de la douleur.

Au cours des dernières années, le nombre d’études portant sur l’usage non médical des opioïdes a considérablement augmenté. Malgré ce focus, on manque toujours de données concernant la prescription sécurisée des opioïdes. En effet, les guidelines disponibles actuellement sont critiquées de par leur manque de fondement scientifique. Au-delà du niveau de preuve des recommandations existantes, un autre problème est celui du respect de ces recommandations.

De même, bien que l’accent soit mis sur le mésusage des opioïdes, peu de recherches sont réalisées concernant l’inégalité d’accès aux soins chez des patients pour lesquels un traitement pat opioïdes est médicalement justifié. Une revue de 46 articles publiés entre 2007 et 2013 a par exemple montré que 31,8 % des patients atteints de cancer ne pas bénéficiaient pas d’un soulagement adéquat de la douleur. Les auteurs estiment que les systèmes nationaux actuels de contrôle des substances contribuent à cet accès inégal aux médicaments opioïdes, en plus d’autres facteurs comme le manque de connaissances, certains comportements sociétaux et les questions économiques. Il semble alors indispensable de réfléchir à la question de savoir si les efforts faits pour combattre le mésusage d’opioïdes ont un impact négatif sur le problème de la douleur non contrôlée.

Bien qu’il ne fasse aucun doute qu’il faille lutter contre le mésusage d’opioïdes, cela ne doit pas se faire au détriment de l’accès aux médicaments pour les patients chez lesquels un tel traitement est indiqué. La question est de savoir comment surveiller et minimiser les conséquences involontaires potentielles pour ces patients. Une des solutions aux deux crises pourrait passer par une meilleure sensibilisation des professionnels de santé, des malades et des hommes politiques, parallèlement  à une représentation plus équilibrée de la double problématique dans les médias.

Par Louise Carton

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