Le tabac associé à une perte d’audition

Tabac

La Société Francophone de Tabacologie édite mensuellement sa Lettre, revue bibliographique et analyse critique d’articles de la littérature nationale et internationale récente en tabacologie : Les Lettres de la SFT en ligne.

Dans le numéro de mai 2018, vous pourrez retrouver, entre autres, l’analyse de l’article « Smoking, Smoking Cessation, and the Risk of Hearing Loss: Japan Epidemiology Collaboration on Occupational Health Study » de Hu et al., Nicotine & Tobacco Research, mai 2018.

Extrait :
C’est une association méconnue que montrent Hu et ses collègues sur le lien entre tabagisme et déficience auditive. Pour ce faire, ils ont suivi une vaste cohorte de 50 195 employés japonais, d’un âge compris entre 20 et 64 ans, entre 2008 et 2015 (8 ans de suivi maximum).
En se fondant sur des études précédentes, les auteurs ont distingué perte d’audition dans les aigus (seuil d’audition à 40 dB au-delà de 4 kHz) et dans les graves (30 dB en-deçà de 1 kHz), mesurées par audiométrie tonale. Concernant leur consommation de tabac, les participants ont dû répondre à un questionnaire auto-administré. Le modèle de régression employé permettait de contrôler l’âge, le sexe, le lieu de travail, l’IMC et l’état de santé des sujets.
L’analyse montre que les fumeurs actuels avaient un risque accru de développer une perte d’audition unilatérale, de 60 % dans les aigus et de 20 % dans les graves par rapport aux sujets n’ayant jamais fumé.
Par ailleurs, les auteurs ont montré l’existence d’une relation linéaire entre la consommation de tabac et le risque de perte auditive, dans les aigus comme dans les graves.
Les auteurs ont également montré l’existence, chez les anciens fumeurs, d’une relation linéaire entre nombre d’années écoulées depuis l’arrêt du tabac et le déclin du risque de perte auditive. Cette association, manifeste pour les pertes auditives dans les aigus, l’est beaucoup moins en ce que concerne les basses fréquences.
Ces résultats semblent indiquer l’existence d’une relation causale entre la consommation tabagique et la perte d’audition, à tout le moins dans les hautes fréquences. Concernant le mécanisme d’action, les auteurs rappellent que les cellules ciliées situées au début de la cochlée (qui amplifient les aigus) possèdent des récepteurs nicotiniques. Le tabac, mais aussi la vape, pourraient donc avoir un effet ototoxique direct. D’autres pistes d’explication ont trait à la vascularisation de la cochlée.