Les cannabinoïdes seront-ils vraiment une révolution dans le traitement des troubles psychiatriques ? Pas si sûr, selon une méta-analyse du Lancet Psychiatry.

Depuis le compte-rendu de la comission de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) sur le cannabis thérapeutique, les médias grand-public français parlent tous de l’expérimentation à venir de ce « cannabis thérapeutique » dans un certain nombre de pathologies, comme les douleurs chroniques, l’épilepsie, ou encore certains troubles psychiatriques comme la dépression ou les troubles anxieux. En pratique, ce sont surtout des dérivés du cannabis, ou cannabidnoïdes, comme le tétra-hydro-cannabinol (THC) ou le cannabidiol (CBD), qui vont être administrés dans les pathologies concernées.

Cannabis

Depuis le compte-rendu de la comission de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) sur le cannabis thérapeutique, les médias grand-public français parlent tous de l’expérimentation à venir de ce « cannabis thérapeutique » dans un certain nombre de pathologies, comme les douleurs chroniques, l’épilepsie, ou encore certains troubles psychiatriques comme la dépression ou les troubles anxieux. Mais, tout d’abord, cette expression est particulièrement trompeuse car elle suggère que l’on va donner du cannabis aux patients pour traiter leurs problèmes de santé. En pratique, ce sont surtout des dérivés du cannabis, ou cannabidnoïdes, comme le tétra-hydro-cannabinol (THC) ou le cannabidiol (CBD), qui vont être administrés dans les pathologies concernées.

Dans les troubles psychiatriques, on entend beaucoup de témoignages de patients rapportant leur auto-médication par du cannabis ou des cannabinoïdes, qui auraient des effets soulageant leurs symptômes. Comme souvent, certains psychiatres se sont engouffrés dans la brèche pour vanter les extraordinaires vertus des dérivés du cannabis pour traiter la dépression, les troubles anxieux, le TDAH, ou encore la schizophrénie. Mais qu’en est-il dans les faits ? C’est ce qu’ont investigué les auteurs de cette gigantesque méta-analyse parue dans le Lancet Psychiatry, qui a synthétisé les résultats de 83 études.

Au total, sur les 83 études d’intérêt, 42 concernaient la dépression (dont 23 essais cliniques randomisés rassemblant 2551 patients), 31 l’anxiété (dont 17 essais randomisés rassemblant 605 patients), 8 le syndrome de la Tourette (dont deux essais randomisés rassemblant 36 patients), trois pour le TDAH (dont un essai randomisé de 30 patients), 12 pour le PTSD (dont un essai randomisé de 10 patients), et 11 pour les troubles psychotiques (dont 6 essais randomisés rassemblant 281 patients).

Les résultats sont plus que mitigés. Si le THC pharmaceutique améliorerait modérément les symptômes anxieux en dehors des troubles anxieux eux-mêmes (surtout dans les douleurs chroniques), il augmente les symptômes négatifs de schizophrénie, et n’a aucune action significative sur l’ensemble des autres pathologies sur lesquelles il a été évalué. Pour l’instant, très peu d’études randomisées ont évalué le CBD spécifiquement dans les troubles psychiatriques en dehors de la schizophrénie où des essais, en « add-on » des antipsychotiques, ont montré une amélioration des symptômes positifs.

En conclusion, il n’existe à ce jour que très peu de données probantes pour affirmer que les cannabinoïdes améliorent les troubles dépressifs, les troubles anxieux, le TDAH, le syndrome de Gilles de la Tourette, ou les troubles psychotiques. Il est donc particulièrement prématuré de recommander les cannabinoïdes dans le traitement des troubles psychiatriques, et selon la formule habituelle, des études complémentaires sont nécessaires avant d’affirmer que le « cannabis thérapeutique » va être une panacée dans la prise en charge des pathologies psychiatriques.

Par Benjamin Rolland

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