Les injections de naltrexone retard pour le trouble d’usage d’opioïdes : une revue systématique de littérature dans Addiction.

En France, on utilise la naltrexone surtout dans le trouble d’usage d’alcool, sous le nom commercial de Révia®, pour réduire le craving et limiter la reprise d’alcool après un sevrage. Dans cette indication d’ailleurs, la naltrexone a un niveau d’effet extrêmement modeste en comparaison du placebo.

Médicaments

En France, on utilise la naltrexone surtout dans le trouble d’usage d’alcool, sous le nom commercial de Révia®, pour réduire le craving et limiter la reprise d’alcool après un sevrage. Dans cette indication d’ailleurs, la naltrexone a un niveau d’effet extrêmement modeste en comparaison du placebo. Mais cette molécule, qui est un antagoniste aux récepteurs opioïdes mu, a également une autorisation de mise sur le marché pour le trouble d’usage d’opioïdes. La naltrexone s’utilise alors à distance de l’usage d’agonistes, pour « désensibiliser » les récepteurs mu et ainsi diminuer les envies de reprendre des agonistes opioïdes. En pratique, cette utilisation reste anecdotique en France, où l’option « TSO au long cours » emporte de loin la préférence des médecins.

 

Dans d’autres pays, notamment aux USA, la naltrexone fait partie de l’arsenal thérapeutique du trouble d’usage d’opioïdes. Elle permettrait des taux de rémission similaires à ceux de l’usage des TSO au long cours. Une forme d’injection à libération prolongée (Vivitrol®) a même été développée avec en filigrane, la philosophie habituelle de ces galéniques retard (confort, observance, stabilité…). Mais peu de données synthétiques avaient été publiées jusqu’alors sur ces injections de naltrexone. C’est chose faite avec cette revue systématique qui fera sans doute autorité pour un petit moment, puisque réalisée selon les plus hauts standards de ce type d’articles, et publiée dans le journal phare de la discipline, la revue Addiction 

 

Au total, les auteurs ont inclus 34 études en lien avec le sujet. Les résultats montrent que la réussite du programme d’injection était nettement plus accessible lorsque les sujets avaient été préalablement sevrés d’opioïdes (ce qui est logique vu le profil pharmacologique de la naltrexone). L’observance en études prospectives était en moyenne de 46,7% à 6 mois, mais seulement de 10,5% dans les études rétrospectives portant sur des cohortes cliniques. Les essais randomisés retrouvaient quant à eux des taux d’efficacité similaires à la buprénorphine lorsque la randomisation avait lieu après le sevrage d’opioïdes, mais il était inférieur à celui de la buprénorphine lorsque la randomisation avait lieu avant le sevrage.

 

En conclusion, les auteurs montrent que les taux d’observance du Vivitrol® sont faibles, avec des abandons prématurés et nombreux de traitement. Les auteurs estiment qu’il s’agit de résultats qui limitent l’utilité clinique du produit, même si les problèmes d’observance concernent tous les traitements et toutes les prises en charge en addictologie. Enfin, les auteurs soulignent le manque de données suffisantes pour affirmer de manière claire que ce traitement diminue l’usage d’opioïdes au long cours.

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