Les pratiques des médecins américains après certification pour la prescription de buprénorphine : résultats d’une enquête chez de plus 4000 médecins publiée dans Addiction

Aux USA, les médecins généralistes doivent avoir une « dérogation » (waiver) pour pouvoir prescrire de la buprénorphine comme traitement agoniste opioïde (TAO) dans l’addiction aux opiacés.

Médicaments

Aux USA, les médecins généralistes doivent avoir une « dérogation » (waiver) pour pouvoir prescrire de la buprénorphine comme traitement agoniste opioïde (TAO) dans l’addiction aux opiacés. Cette dérogation nécessite une formation gratuite d’une trentaine d’heures (voir la figure associée à ce billet), avant de recevoir une certification par le SAMHSA, qui est une division spécifique du ministère américain de la santé pour les troubles mentaux et les addictions.

 

Le SAMHSA promeut ce type de formations, afin d’augmenter l’accès aux TAO pour les usagers d’opiacés, en particulier dans un contexte américain marqué par la crise des opioïdes, le fentanyl et ses dérivés faisant des ravages. Ici, des membres du SAMHSA ont pris l’initiative de réaliser une enquête en ligne visant à évaluer les pratiques cliniques de 4 225 médecins formés et certifiés en 2017 à la prescription de buprénorphine.

 

Les résultats montrent que 75,5% des médecins avaient prescrit au moins une fois de la buprénorphine depuis leur formation. Le nombre moyen de patients traités dans le mois précédent était de 27 environ. Seuls 13,1% d’entre eux atteignaient les doses maximales, alors que l’on sait que la buprénorphine n’est efficace en initiation après arrêt des opiacés qu’à des doses de 16 mg/j et au delà. Les freins à la prescription de doses élevées étaient liés au refus des patients (principale raison), mais aussi des problèmes de remboursement des médicaments.

 

Le système américain est très différent du système français. Les remboursements de TAO ne sont pas systématiques et dépendent des mutuelles et de la dose prescrite. Toutefois, les auteurs de cet article font le constat que les prescriptions de buprénorphine chez des médecins pourtant  récemment formés sont loin d’être optimales. Plus inquiétant encore, un quart des médecins formés ne prescrivent pas du tout de buprénorphine, ce qui pose la question de l’efficience de ces formations censées favoriser l’accès aux soins des patients avec troubles d’usage d’héroïne.

 

Benjamin ROLLAND

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