Les prescriptions ambulatoires de benzodiazépines ont doublé entre 2003 et 2015 aux États-Unis, retrouve une étude du JAMA Network

Les États-Unis font face à une crise majeure de l’usage des opioïdes. Depuis le début des années 2000, des millions d’américains ont été rendus dépendants aux opioïdes antalgiques à cause de prescriptions inadaptées. Lorsque la FDA, l’agence fédérale du médicament, a serré la vis, les personnes devenus dépendantes se sont tournées vers l’héroïne ou le fentanyl de rue.

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Les États-Unis font face à une crise majeure de l’usage des opioïdes. Depuis le début des années 2000, des millions d’américains ont été rendus dépendants aux opioïdes antalgiques à cause de prescriptions inadaptées. Lorsque la FDA, l’agence fédérale du médicament, a serré la vis, les personnes devenus dépendantes se sont tournées vers l’héroïne ou le fentanyl de rue. Aujourd’hui, aux USA, on meurt davantage d’overdoses d’opioïdes que d’accident de la route.

Mais qu’en est-il des benzodiazépines ? On sait qu’en France, les prescriptions de « benzos » sont bien plus fréquentes que celles d’opioïdes. Dans cette importante étude du JAMA Network, une revue sœur du prestigieux JAMA, disponible uniquement en ligne, les auteurs ont eu accès aux données du National Ambulatory Medical Care Survey, une enquête en population générale sur les soins ambulatoires aux USA. Ils ont regardé les visites médicales associées à une prescription de benzodiazépines entre 2003 et 2015.

Les auteurs ont retrouvé que les visites associées à une prescription de benzodiazépines avaient plus que doublé en 12 ans, passant de 27,6 à 62 millions par an. Cela représentait 3,8% des visites médicales en 2003, contre 7,4% en 2015 ! Les visites chez le généraliste représentaient 52,3% des prescriptions de benzodiazépines. Les taux de prescriptions par les psychiatriques sont restés stables (30% des prescriptions totales environ, en 2003 comme en 2015), mais cela veut dire que les prescriptions par les psychiatres ont doublé elles aussi. Les prescriptions pour douleurs chroniques ont nettement augmenté, passant de 3,6% des prescriptions en 2003 à 8,5% en 2015. Les co-prescriptions avec les opioïdes ont quadruplé sur la période.

La limite de ces données est qu’elles ne représentent que les visites ayant mené à une prescription de benzodiazépines. Impossible de savoir les doses prescrites ici. Il est toutefois fort peu probable que les doses moyennes aient baissé sur la période. Les limites de cette étude masquent donc peut-être une réalité encore plus noire. N’empêche, lorsque l’on sait que le risque d’overdose aux opioïdes est nettement majoré en cas de co-utilisation de benzodiazépines, ces données laissent songeur. Il y a un réel problème de prescription aux USA, ou bien un réel problème social que les médecins tentent de soigner comme ils le peuvent, pour le meilleur ou pour le pire.

Benjamin Rolland
MCU-PH, Responsable de Service
Service Universitaire d’Addictologie de Lyon (SUAL)

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