L'interdiction des puffs cache le désert des décisions

En annonçant la prochaine interdiction des Puffs, la Première ministre, Elisabeth Borne répond à une demande d’une grande partie des acteurs de la lutte contre le tabac. En effet, ces vapoteuses à usage unique, dont certaines contiennent de la nicotine, sont un produit marketing de l’industrie du tabac destiné aux (très) jeunes avec leurs couleurs flashy, leurs dessins rappelant celui des mangas, leur goût sucré ou fruité et leur prix modique.

Tabac

Promus auprès de jeunes qui n’ont jamais fumé, bien que la vente de cigarette électronique soit interdite aux mineurs, ils peuvent les entrainer dans la dépendance à la nicotine et dans l’univers du tabac. Ce sont de plus une aberration écologique car ces Puffs sont à usage unique, jetables après usage et dispersant dans l’environnement le lithium de leur batterie et des métaux lourds. Le gouvernement va interdire ces produits indéfendables et Addictions France avait soutenu cette mesure d’interdiction dès l’irruption des Puffs sur le marché.

Cependant cette mesure ponctuelle ne saurait remplacer l’absence de mesures efficaces de santé publique que l’annonce de cette interdiction permet d’occulter. En effet, ces derniers mois, le gouvernement a reculé pour 2024 sur l’augmentation du prix du paquet de cigarettes, sur l’augmentation marginale des accises sur l’alcool, sans compter l’absence de décisions sur l’agrandissement du pictogramme d’information pour les femmes enceintes sur les bouteilles d’alcool (engagement gouvernemental de 2017), sur le prix minimum par unité d’alcool (mis en œuvre en Ecosse), sur la taxation des alcools en fonction de leur degré alcoolique (mis en œuvre au Royaume Uni), ou sur l’idée d’un débat national sur le statut juridique du cannabis.

Une mesure circonscrite sur les Puffs ne fait pas une politique de santé publique, mais surtout cette décision s’inscrit dans la logique du respect des lobbies industriels puissants (tabac et alcool) qui ont des relais au Parlement ou à Bercy, contrairement à celui des Puffs. Cette mesure, utile mais marginale, d’interdiction des Puffs ne peut faire oublier l’absence de fil conducteur d’une politique globale de santé envers les addictions.