Méthamphétamine : un essai clinique a évalué l’usage de lisdexamfétamine dans l’addiction

Une étude parue dans la revue "Addiction".

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Méthamphétamine essai clinique évalue usage lisdexamfétamine dans addiction

Pour l’addiction aux psychostimulants (cocaïne, méthamphétamine, cathinones…), il n’existe aucun traitement de substitution officiel, similaire à ce qui existe dans l’addiction aux opioïdes, même si des études antérieures ont rapporté l’intérêt du méthylphénidate ou de dérivés amphétaminiques médicamenteux. Voici un essai clinique dont les résultats ont été publiés dans la revue Addiction, et où les auteurs ont testé l’efficacité et la sécurité d’un traitement de 12 semaines de lisdexamfétamine pour réduire la consommation de méthamphétamine.

Il s’agissait d’un essai randomisé en double aveugle contre placebo mené dans six cliniques ambulatoires spécialisées à Adélaïde, Melbourne, Newcastle et Sydney, en Australie (2018-2021). Les participants étaient 164 adultes ayant une dépendance à la méthamphétamine, déclarant au moins 14 jours de consommation sur les 28 jours précédents (62% d’hommes, 38% de femmes, < 1% autre ; âge moyen 39 ans). Les participants ont été répartis au hasard 1:1 avec soit un traitement de 15 semaines de lisdexamfétamine (1 semaine d’induction à 250 mg/j, 12 semaines de régime d’entretien, 2 semaines de réduction ; n = 80) ou avec un placebo (n = 84), avec un suivi jusqu’à la semaine 19. Le principal critère d’efficacité était la consommation de méthamphétamine au cours des 28 derniers jours à partir de la semaine 13. La sécurité a été évaluée par les taux de survenue d’événements indésirables. Les critères secondaires comprenaient la consommation de méthamphétamine pendant la période de traitement des 12 semaines précédentes et la satisfaction à l’égard du traitement.

Les résultats sont contrastés. Les preuves d’un bénéfice de la lisdexamfétamine après la 13e semaine étaient faibles [différence ajustée en nombre de jours de consommation de méthamphétamine = 2,2, intervalle de confiance à 95 % (IC) = -0,5 à 5,0 ; P = 0,49]. Cependant, tout au long de la phase de maintien du traitement de 12 semaines, le groupe lisdexamfetamine a totalisé moins de jours de consommation de méthamphétamine (différence = 8,8 ; IC à 95 % = 2,7-15,0 ; P = 0,005). Le groupe lisdexamfetamine a fait état d’une plus grande satisfaction à l’égard du traitement (OR = 3,80, 95% CI = 1,93-7,47 ; P < 0,001). Les effets indésirables de la lisdexamfétamine comprenaient essentiellement des nausées. Des événements indésirables graves sont survenus chez quatre (5 %) des participants ayant reçu de la lisdexamfétamine.

En conclusion, les auteurs concluent que la lisdexamfétamine semble réduire la consommation de méthamphétamine sur une période de traitement de 12 semaines, bien qu’il n’y ait que peu de preuves que la réduction de la consommation se maintienne au cours des 4 dernières semaines. Une interprétation pourrait être que la lisdexamfétamine n’agit que lorsqu’elle présente, ce qui est cohérent avec une approche « substitution » telle qu’elle est connue dans l’addiction aux opioïdes

Résumé par Benjamin Rolland

 

Lien vers l’article original : https://doi.org/10.1111/add.16743