Mois sans tabac : la consommation recule, sauf chez les femmes à cause du "lobby du tabac"

Selon l'addictologue Michel Reynaud, mardi sur franceinfo, les lobbies ont associé le tabac "à la liberté, à l'autonomie, à la séduction et ça a terriblement marché".

Tabac

L’opération « Mois sans tabac » commence jeudi 1er novembre et pour l’occasion, Santé publique France a dévoilé mardi 30 octobre une première étude sur le nombre de maladies liées au tabagisme chez les Françaises. Par exemple, le nombre de cancers du poumon a augmenté de 72% chez les femmes en l’espace de dix ans. La faute au « lobby du tabac », a indiqué sur franceinfo le docteur Michel Reynaud, psychiatre, addictologue et président du Fonds actions addictions.

franceinfo : La consommation du tabac recule, sauf chez les femmes, 24% d’entre elles fument. Pourquoi est-ce la seule catégorie qui ne baisse pas ?

Michel Reynaud : Parce que ce sont elles qui ont commencé à fumer dans les années 1970/1980, quand l’image du tabac s’est modifiée, sous l’effet du lobby du tabac. Les femmes fumaient peu avant, c’était mal vu, c’était stigmatisé et les lobbies ont associé ça à la liberté, à l’autonomie, à la séduction et ça a terriblement marché. D’autant que c’est un très bon régulateur d’émotions et donc les femmes se sont accrochées. Les jeunes femmes fument plus que les jeunes hommes. On s’attendait à ces chiffres terrifiants, on savait que ça allait être comme ça et on sait que ça va être comme ça avec l’alcool. Les stratégies sont les mêmes, avec un ciblage des jeunes femmes, avec une image de liberté et de plaisir lié à la consommation, et donc on sait qu’on va vers la même catastrophe sanitaire.

Les mêmes arguments fonctionnent-ils aujourd’hui ?

Pour l’alcool, oui. Pour le tabac, les actions visant à dénormaliser la consommation du tabac se sont clairement accélérées. Avec l’augmentation du prix du paquet, le paquet neutre, avec l’arrivée de l’e-cigarette, le remboursement des médicaments, on a eu une diminution. Il faut cibler cette population dans les campagnes de sensibilisation. Les femmes fument plus, les femmes fument trop, elles sont plus vulnérables, notamment pour le cancer des poumons, ce sont des formes plus graves, mais je ne suis pas sûre que l’information soit passée, que les femmes soient vraiment prévenues qu’elles sont les cibles et les victimes.

Pensez-vous que la prise de poids, parfois liée à l’arrêt du tabac, soit un frein pour certaines d’entre elles ?

C’est un critère qui fonctionne chez les femmes. Si on se lance dans l’arrêt du tabac accompagné, il y a des stratégies pour éviter de prendre du poids. On va rentrer, dès le 1er novembre, dans le mois sans tabac qui a participé à faire diminuer le nombre de fumeurs. Seul, c’est très difficile. En groupe c’est plus facile. Les femmes sont sensibles aux réseaux sociaux, je [leur] rappelle le groupe Facebook : « Je ne fume plus » car il fonctionne bien, c’est le moment !

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