Place de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique : résultats de l’EuroBaromètre 2017.

Une étude effectuée dans 28 pays de l’Union Européenne et publiée dans Tobacco Control.

Tabac

Image par Horst Winkler de Pixabay

Au cours des dernières années, la vape (terme plus approprié que « cigarette électronique ») a montré son efficacité dans l’aide au sevrage tabagique et alternative au tabac.

Un essai clinique randomisé  a montré que le taux de sevrage tabagique à 1 an est 2 fois plus élevé avec la vape qu’avec des substituts nicotiniques (18% vs 9,9%). Le recours à la vape pendant la grossesse peut aussi être synonyme de réduction de risque pour la mère et l’enfant à naître, comme le montre l’étude publiée dans l’International Journal of Obstetrics and Gynaecology : le poids de naissance des enfants de mères vapoteuses est identique à celui des non-fumeuses et plus élevé à celui des mères qui ont fumé pendant leur grossesse.

S’il existe de nombreuses études transversales sur le recours à la vape chez les fumeurs de tabac aux USA et au Royaume Uni, il y en a peu au sein de l’Union Européenne. En 2016, Konstantinos Farsalinos avait analysé les données de l’Eurobaromètre 2014 , auprès de plus de 27 000 citoyens des états membres. Il avait constaté que 6 à 9 millions d’européens avaient arrêté de fumer ou réduit leur consommation de tabac avec la vape : 35,1% avaient arrêté de fumer et 32,2% étaient des vapo-fumeurs. Sur les mêmes données, d’autres auteurs ont trouvé que les vapo-fumeurs fumaient plus que les fumeurs de tabac (15,6 cigarettes/jour vs 14,4 cigarettes/jour). Cependant, cette étude ne donnait pas d’information sur la durée du sevrage tabagique avec la vape chez les ex-fumeurs, et beaucoup de fumeurs avaient arrêté longtemps avant que les cigarettes électroniques soient mises à disposition.

Cette information a été prise en compte dans l’Eurobaromètre 2017, dont la méthodologie est identique à celle de l’Eurobaromètre 2014.

27 901 européens âgés de 15 ans et plus ont été interviewés à leur domicile et parmi eux, il y avait 6 904 fumeurs et 6 153 ex-fumeurs.

Les ex-fumeurs sont plus âgés que les fumeurs actuels (2 fois plus nombreux à avoir au moins 54 ans) et plus souvent des hommes.

L’arrêt du tabac remonte à plus de 10 ans dans 56,3% des cas : le recours à la vape est très rare dans ce sous-groupe d’ex-fumeurs, car 97,7% d’entre eux déclarent n’avoir jamais eu recours à la vape.

Lorsque l’arrêt du tabac remonte à « 2 ans ou moins », ou « entre 3 et 5 an »s, on trouve le plus de vapo-fumeurs quotidiens.

Le plus grand nombre de vapo-fumeurs est observé parmi les ex-fumeurs récents (moins de 2 ans) : ils sont 10 fois plus nombreux que parmi les ex-fumeurs depuis 10 ans et plus.

Les anciens vapoteurs quotidiens sont 2 fois plus nombreux parmi les ex-fumeurs récents (2 ans ou moins).

Par rapport aux non-vapoteurs, les vapoteurs quotidiens sont :

  • 5 fois plus nombreux parmi les ex-fumeurs récents (2 ans ou moins),
  • 3 fois plus nombreux par les ex-fumeurs depuis 3 à 5 ans,
  • 60% moins nombreux par les ex-fumeurs depuis 6 à 10 ans, et
  • 4 fois moins nombreux parmi les ex-fumeurs depuis plus de 10 ans.

Cette étude est la première à prendre en compte la durée du sevrage tabagique, un déterminant majeur pour comprendre l’interaction complexe entre le tabagisme et le recours à la vape en Europe.

Les anciens vapoteurs quotidiens sont plus nombreux parmi les ex-fumeurs récents (moins de 2 ans), ce qui indique qu’ils ont arrêté de fumer grâce à la vape, et qu’ils ont ensuite arrêté de vapoter. L’objectif est atteint en 2 temps : arrêter de fumer en vapotant, et arrêter de vapoter ensuite quand cela n’est plus nécessaire. Cependant, des études longitudinales seront nécessaires pour affirmer ou infirmer cette transition via la vape.

Dr Philippe Arvers (1,2,3)

1 – Observatoire Territorial des Conduites à Risques de l’Adolescent (MSH-UGA)

2 – 7ème Centre Médical des Armées (Antennes de Varces et Chambéry)

3 – Institut Rhône Alpes Auvergne de Tabacologie (Lyon)

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