DROGUES / L’addiction et la difficulté de vivre l’incertitude de la relation (1/2)

Comment expliquer que certains individus en viennent parfois à ne plus pouvoir agir et vivre autrement que déterminés par le désir irrépressible et répété pour un même objet, s’enfermant alors dans un même comportement ? Divers modes d’explication ont été développés pour rendre compte de ce type de comportement.

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Comment expliquer que certains individus en viennent parfois à ne plus pouvoir agir et vivre autrement que déterminés par le désir irrépressible et répété pour un même objet, s’enfermant alors dans un même comportement ? Divers modes d’explication ont été développés pour rendre compte de ce type de comportement. Le terme d’addiction, désigne plus spécifiquement ces comportements et en donne déjà une interprétation.

En effet, le terme anglais d’ « addiction » a remplacé celui de « toxicomanie » en français et a participé à la redéfinition des méthodes d’explication et de soin de tels comportements. La psychanalyste Joyce Mac Dougall remarquait dans son Plaidoyer pour une certaine anormalité en 1978 que parler de toxicomanie insiste sur l’objet de l’addiction, qui est alors considéré comme étant en lui-même toxique, ainsi que sur cet apparent désir, ou du moins cette tendance autodestructive à consommer ce qui tue ou empoisonne (le toxicum était un poison dont on imprégnait une flèche). Le terme d’addiction au contraire renvoie étymologiquement à la situation d’asservissement propre à la personne sujette à l’addiction et insiste alors sur le lien que l’addiction implique, ou institue : la personne addicte est comme asservie à l’objet qu’elle désire constamment et de manière irrépressible, que cet objet soit un produit ou un comportement (addiction au jeu, au sexe, au travail, au sport, etc.).

L’addiction serait donc avant tout un mode de relation, à un objet, à l’autre, ou en définitive à soi, caractérisée par l’excès, l’univocité, la répétition. La psychanalyse, et avec elle les théories de l’attachement inspirées par Winnicott[1], précisent encore le sens d’un tel comportement et permettent à certains psychologues et psychanalystes de qualifier l’addiction de « pathologie du lien ». Plutôt que de considérer l’acte qui définit une addiction et de traiter seulement le comportement excessif (manger, boire, consommer de la drogue, ou encore jouer, avoir des rapports sexuels, etc.), il s’agit d’expliquer et de traiter l’addiction à partir des liens dont elle découle et qu’elle implique.

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