Début décembre, la présidente de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives affirmait qu’en France, « plus de 20 millions de personnes, salariés, agents de la fonction publique, CDI comme CDD, et populations précaires, mais aussi personnes à la recherche d’emploi » seraient touchés par des « conduites addictives » au travail – consommation d’alcool ou de drogues. Un chiffre assez impressionnant, sachant qu’on compte 28,6 millions de personnes dans la population active en France.
Michel Reynaud, professeur d’addictologie et psychiatre, tempère légèrement ce constat : « Honnêtement, je ne pense pas qu’on ait des données épidémiologiques très solides », m’a-t-il expliqué par téléphone. « Le travail peut être protecteur : dans la plupart des cas, il vaut mieux être travailleur que chômeur. Mais dans certains cas, plus complexes, il y a des consommations qui viennent, comme toujours, en lien avec le trépied : un produit plus ou moins addictogène et plus ou moins facile à trouver, une entreprise plus ou moins incitative, et un individu plus ou moins vulnérable. »