OPIOÏDES / En France, faible dépendance mais forte vigilance

Malgré une augmentation notable des cas d’overdose d’opiacés, le système de santé permet de limiter les dégâts concernant les patients français.

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L’épidémie d’overdoses aux opioïdes n’a pas atteint la France, loin de là. Mais l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) s’alarme du risque sanitaire élevé induit par ces antalgiques. Le 11 mai, l’agence du médicament a ainsi organisé une journée conjointe avec la commission des stupéfiants et des psychotropes (un comité interne de l’agence), pour faire l’état des lieux de la consommation et des dérives liés à l’usage de ces médicaments. Car il y a de quoi s’alarmer. Une étude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) menée entre 2001 et 2013 révèle ainsi que le nombre de cas d’overdose par antalgiques opiacés est en forte progression (+ 128 %). «L’ampleur en France est bien inférieure à celle des Etats-Unis mais la courbe de croissance est la même» , souligne le professeur Nicolas Authier, chef du service de pharmacologie médicale au CHU de Clermont-Ferrand.

Selon lui, le profil des personnes intoxiquées à la suite de surdosages d’antalgiques opiacés ne correspond pas au profil habituel des toxicomanes. La majorité des personnes sont des femmes d’une soixantaine d’années, ne souffrant pas de pathologies cancéreuses (57 %) et près de la moitié (44 %) de ce groupe de patients n’a même pas consulté de médecin pour se faire prescrire un antalgique. Ce qui laisse à penser que l’opiacé incriminé pourrait souvent être en vente libre, comme le Codoliprane, un médicament qui associe paracétamol et codéine.

Pour William Lowenstein, médecin addictologue et président de l’association SOS Addictions, l’effet addictif des opiacés, qu’ils soient faibles (dits de palier 2, par exemple la codéine ou le tramadol) ou forts (palier 3, comme l’oxycodone ou le fentanyl), est supérieur à celui de la morphine. Et l’accoutumance peut être rapide. Certains médicaments de palier 2 comme le tramadol peuvent induire une dépendance un mois à peine après le début de leur introduction. L’association à d’autres molécules, comme les benzodiazépines (Xanax, Lexomil, Valium, Témesta…) ou médicaments apparentés (Stilnox, Imovane…) majore encore le risque de surdose.

La mortalité liée à la consommation d’opioïdes a elle aussi considérablement augmenté. Plus 22 % entre 2014 et 2015 pour les patients traités par antalgiques opiacés, selon les données du Centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance (CEIP) de Grenoble. Ainsi, 82 patients sont décédés après avoir pris ce traitement en 2015 et 343 décès directement imputés à la consommation non thérapeutique d’opioïdes ont été répertoriés sur la même période : un bond de 41 % par rapport à 2014. «Des données partielles à prendre avec précaution cependant», pour Nathalie Fouilhé, pharmacienne au CEIP de Grenoble.

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