Chaque année en France, plusieurs centaines de décès seraient liés à un opioïde médicamenteux (soit plus que les overdoses d’héroïne), un chiffre qui a augmenté de 128 % en 14 ans (1,3 décès par million d’habitants en 2000 à 3,4 par million d’habitants en 2014), alertait en avril 2016 le professeur Nicolas Authier, chef du service de pharmacologie médicale et du centre de la douleur du CHU de Clermont-Ferrand, lors du congrès de la Société française de pharmacologie et de thérapeutique. Les prescriptions d’opioïdes, dans le cas de fortes douleurs et incluant morphines, endorphines, codéines, etc., ont très fortement augmenté depuis les années 2000.
« En 2015, 17% des français ont reçu au moins une délivrance d’un antalgique opioïde, explique Nicolas Authier à Sciences et Avenir. Entre 2005 et 2015, 74% de Français supplémentaires ont bénéficié d’au moins une ordonnance d’un opioïde fort. » Or selon lui, évaluer – mais surtout anticiper – les risques liés à cette consommation médicamenteuse est actuellement un véritable challenge. « L’analyse des notifications d’effets indésirables recueillies par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) est indispensable mais pas toujours suffisante pour une détection précoce de signaux parfois faibles », déplore-t-il. C’est pourquoi avec son équipe, il lancera dès l’automne 2017 un Observatoire français des médicaments antalgiques. Ce dernier est aussi rattaché à l’équipe Inserm dont les travaux sont déjà à l’origine de l’alerte de l’ANSM en février 2017 sur la persistance d’usage d’anti-inflammatoires pendant la grossesse.