
Si le cannabis reste de loin la substance la plus consommée, la cocaïne se retrouve au deuxième rang suivie de l’ecstasy. Et l’on observe depuis 2010 une augmentation nette de l’usage de nouvelles drogues psychostimulantes et le détournement de médicaments à base d’opiacés.
Et le Professeur Amine Benyamina de rappeler que « L’ecstasy, la cocaïne étaient au départ chère et ne pouvaient être consommés, achetés que par des gens qui avaient des moyens et qui étaient socialement plutôt valorisés. Le monde du showbiz, du spectacle et le monde des médias. On partait du principe que ce sont des produits qui n’entraînent pas ou très peu de dépendance physique. Ce qui est totalement faux. D’abord, rarement la cocaïne est prise seule maintenant, c’est un booster, un peu comme les cocktails. Il est consommé avec d’autres produits qui augmentent sa dangerosité. Et en même temps, ce sont des produits qui entraînent une très forte dépendance, quasi tyrannique, une très forte dépendance psychologique que les cliniciens appellent le craving (c’est l’envie de consommer). »
Les nouvelles drogues psychostimulantes
Ces drogues classiques se sont ajoutées depuis une dizaine d’années, de nouveaux produits, des substances qui imitent les effets de drogues plus identifiées comme le cannabis, le LSD, la cocaïne, l’ecstasy, les amphétamines. Elles sont majoritairement vendues sur Internet avec des noms très enchanteurs, le sel de bain, cocaïne rose, PTC pour pète ton crâne, qui concernent beaucoup les plus jeunes. Depuis 2015, l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies détecte 400 nouveaux produits chaque année.
Selon l’addictologue : « Le gros enjeu actuellement pour lutter contre la problématique des drogues, c’est les drogues de synthèse, pour une raison toute simple. Elles miment les drogues naturelles avec un pouvoir addictogène qui est extrêmement élevé, puisqu’elles sont extrêmement puissantes, et puis elles sont fabriquées dans des laboratoires loin de la France. Bien qu’analysés par la police et la douane, ils ne sont pas inscrits dans la liste des produits interdits parce qu’il suffit finalement de changer sur le plan chimique un radical ou bien une liaison chimique pour que ça ne rentre pas finalement, dans la liste des produits prohibés. C’est une course infernale qu’on perd et qu’on perdra tout le temps. »
Autre danger de ces drogues de synthèse, c’est le fait qu’elles soient synthétiques et facile à produire. Pour l’addictologue, comme il y a une vraie concurrence, on les fidélise aussi par la dépendance : « Lorsque vous avez des produits qui sont fortement addictogènes, vous avez affaire à une population qui est captive, biologiquement captive. Le but des personnes qui vendent la drogue, c’est d’accrocher, de rendre dépendants et de pouvoir continuer à fidéliser les personnes. »
Et ces drogues touchent tout le monde car le prix a baissé et la qualité a augmenté.
Et ces produits vendus sur internet ne se trouvent pas que sur le darkweb comme le souligne le professeur Amine Benyamina : « Sur des réseaux sociaux, comme Instagram, TikTok, Snapchat, ils y sont. Il y a vraiment une culture de l’offre et de la demande. On est dans un système capitaliste d’offres qui peut être celui d’un produit qui n’est pas interdit. Vous commandez puis vous avez des personnes qui vous livrent ».
Ecouter le podcast : www.radiofrance.fr.