La consommation de caféine chez les enfants et les adolescents a augmenté de façon spectaculaire ces dernières années, avec un usage qui a fait plus que doubler chez les 9-17 ans depuis les années 80. Une étude publiée en 2015 a même retrouvé que 75% des enfants de plus de 5 ans aux États-Unis consommait de la caféine de façon quotidienne. Cependant, alors que la consommation de caféine chez l’adulte est considérée sans risque trop important, les effets d’une consommation au long cours par les adolescents sont peu connus.
D’un point de vue pharmacodynamique, la prise de caféine conduit à une augmentation de la libération de dopamine dans le noyau accumbens, région centrale impliquée dans les processus de récompense. Même si les effets sont moindres qu’avec d’autres psychostimulants comme la cocaïne et les amphétamines, ceci pose question sur le développement d’une sensibilisation croisée.
Les auteurs de cette étude ont ainsi voulu explorer les effets d’une consommation de caféine ayant eu lieu pendant l’adolescence sur l’auto-administration et la recherche de cocaïne chez le rat. Dans cette étude préclinique, les chercheurs ont administré quotidiennement, et pendant 28 jours, de la solution de caféine à des rats adolescents. Après cette période de consommation, la solution de caféine a été remplacée par de l’eau pour le reste de l’expérience. Les rats témoins appariés selon l’âge ont reçu de l’eau pendant toute la durée de l’étude. Des tests comportementaux d’auto-administration de cocaïne ont été effectués à l’âge adulte pour évaluer comment l’exposition à la caféine chez les adolescents influençait l’aspect « renforcement » de la prise de cocaïne. La recherche de cocaïne a également été testée par l’intermédiaire d’autres tests comportementaux réalisés après une période d’auto-administration de cocaïne.
Les auteurs ont ainsi retrouvé que la consommation de caféine chez les rats adolescents augmentait leur auto-administration de cocaïne. En revanche, la consommation de caféine chez les rats adultes ne modifiait pas l’auto-administration de cocaïne par rapport aux témoins. La consommation de caféine chez les adolescents n’a pas montré d’effet sur le sevrage, ni sur la réinstallation ultérieure d’une nouvelle recherche de cocaïne.
Ces résultats suggèrent ainsi que la consommation de caféine pendant l’adolescence peut accroitre les propriétés de renforcement de la cocaïne, ce qui peut conduire à une administration plus importante et contribuer à une vulnérabilité accrue à la dépendance.
Par Louise Carton