Le burn-out, en lien avec un stress chronique et parfois aigu, se traduit par une grande fatigue émotionnelle, un cynisme vis-à-vis de son activité et une dilution du sentiment d’accomplissement au travail. Le syndrome d’épuisement professionnel se manifeste en conséquence à la fois par une érosion de l’engagement (en réaction à l’épuisement), une érosion des sentiments (à mesure que le cynisme s’installe) et une érosion de l’adéquation entre le poste et le travailleur (vécu comme une crise personnelle).
Le burn-out est donc étroitement lié à un processus émotionnel, ce qui implique d’analyser le cheminement vers le retour à la vie professionnelle au prisme de ces émotions. Dès qu’il survient se met en effet en place un dispositif, inconscient ou non, de protection – psychologique et psychique – par rapport à un lieu de travail considéré comme toxique.
L’adaptation au management du modèle théorique de la psychiatre Elisabeth Kübler-Rosssur le processus de deuil est à ce sujet particulièrement éclairant. Si l’on reprend ce modèle par analogie, la période de burn-out correspond aux sept premières étapes.
Des étapes identiques à celles du deuil
La première étape, c’est le choc. On arrive à un état physique où, quasiment, le corps ne fonctionne plus, ne répond plus. La personne vit un trop-plein vis-à-vis de son travail, une situation ressentie comme très violente.
Vient ensuite la deuxième étape, celle du déni. C’est une caractéristique des gens victimes de burn-out : les signaux qui indiquent le surmenage ne sont pas entendus, on ne veut pas voir que cela ne va pas malgré l’épuisement caractérisé. C’est là que la personne s’effondre – et ne peut plus faire grand-chose à ce stade, impuissante et dépourvue du moindre contrôle sur les évènements.
Une phase plus ou moins longue de repos est alors nécessaire, au cours de laquelle apparaît – troisième étape – la colère. La colère est une émotion de réparation face à un préjudice, une frustration ou une injustice. On prend ici conscience du fond jusqu’auquel on est descendu, on est en colère contre tout – son travail, son employeur, l’organisation –, on a le sentiment qu’on n’a pas été respecté.
On a également une part de colère contre soi-même, sur laquelle il est fondamental de travailler, d’où l’importance d’un accompagnement et d’un travail psychologique. C’est une étape particulièrement difficile car elle implique un retour sur soi, en l’extériorisant, en mettant des mots dessus. Elle s’accompagne d’une autre émotion, la peur, aux multiples visages en fonction de l’histoire de la personne.
Un article rédigé par Catherine Pourquier pour le site The Conversation