Substances psychoactives, usagers et marchés : les tendances récentes (2017-2018)

Il s’agit de la synthèse des rapports des différents sites TREND (Tendances Récentes et Nouvelles Drogues) du territoire (8 sites régionaux implantés à Lille, Rennes, Paris, Bordeaux, Toulouse, Marseille, Lyon et Metz), dont l’analyse des données qualitatives produites localement permet une mise en perspective au niveau national.

Autres drogues

Le nouveau numéro Tendance de l’OFDT sort cette semaine, et fait le point sur les évolutions récentes (données collectées en 2017- début 2018) concernant les consommations de substances psychoactives en France.

Il s’agit de la synthèse des rapports des différents sites TREND (Tendances Récentes et Nouvelles Drogues) du territoire (8 sites régionaux implantés à Lille, Rennes, Paris, Bordeaux, Toulouse, Marseille, Lyon et Metz), dont l’analyse des données qualitatives produites localement permet une mise en perspective au niveau national.

La synthèse pointe à la fois les phénomènes émergeants et ceux qui, déjà décrits les années précédentes, poursuivent leur développement, que ce soit en termes de produits consommés, de dommages occasionnés, de profils d’usagers et de modalités de trafics. Un tableau « baromètre des prix » indique également les tendances en la matière.

Pour cette année, il s’agit de retenir prioritairement l’impact de l’accessibilité sans précédent de la cocaïne, qui a été relevé sur l’ensemble des sites et transversalement aux espaces et milieux sociaux étudiés. En lien avec le contexte international de production et de circulation du produit (niveau historiquement élevé de la production colombienne et montée en puissance des routes Antilles-Guyane), c’est une cocaïne de plus en plus disponible (baisse du prix du gramme, multiplication des points de vente) et particulièrement dosée (augmentation des taux de pureté dans les saisies et dans les collectes SINTES) qui circule dans des groupes de consommateurs aux profils différents en termes d’insertion sociale et de rapport au produit (banalisation, accélération de l’entrée en dépendance…). La pratique du basage et la consommation de crack sont également soulevées comme particulièrement en développement sur le territoire, à la fois en région parisienne, mais aussi dans d’autres villes de France, avec la diffusion majeure des usages de cocaïne basée parmi les consommateurs de drogues les plus précaires rencontrés en CAARUD.

Autre phénomène d’actualité qui concerne les contextes d’usage : la porosité entre les scènes techno et les croisements de différentes populations festives. Cette redynamisation du mouvement alternatif d’un part, et la porosité croissante entre espace alternatif et commercial (mais aussi entre espaces généralistes et scènes festives gay/gay-friendly) de l’autre, se couple de l’évolution de certaines consommations sur ces mêmes scènes :

augmentation de la visibilité des consommations de GHB-GBL hors des cercles d’initiés (et cas d’intoxications); banalisation des consommations de poppers au sein de groupes de consommateurs de plus en plus diversifiés, concentration des usages de NPS par certains profils d’usagers (et ralentissement de leur diffusion en comparaison des années précédentes).

Pour les phénomènes toujours en vigueur évoqués :  l’ancrage des pratiques de chemsex dans plusieurs villes, le succès des comprimés d’ecstasy en rapport avec les stratégies commerciales du marché, la hausse de la disponibilité et de la visibilité des usages de kétamine et sa popularité en espace festif, et enfin le dynamisme et la pression accrue de l’offre d’héroïne en plusieurs points du territoire. La synthèse porte également une interrogation sur la résurgence de l’usage de protoxyde d’azote à la fois sur les scènes festives alternatives, commerciales, mais aussi dans l’espace public de certaines villes en lien avec des groupes d’usagers (jeunes impliqués dans le trafic de stupéfiants, personnes prostituées, personnes précaires, mais aussi des collégiens et des lycéens).

S’agissant du baromètre des prix, on notera la stabilité des prix pour les produits consommés principalement en espace festif (MDMA poudre et comprimé, LSD, amphétamines), mise à part la cocaïne (cf. plus haut) dont le prix décroit, de même que l’héroïne, le sulfate de morphine et la résine de cannabis, en lien avec leur disponibilité accrue.

Nina Tissot
Educatrice spécialisée en CAARUD (Oppelia – RuptureS à Lyon) Doctorante en sociologie (et titulaire d’un Master Recherche en anthropologie) à L’université Lyon 2 Coordinatrice du dispositif TREND – SINTES Auvergne Rhône-Alpes pour l’OFDT