Tabac – Les dépendances au tabac fumé

Installation de la dépendance au tabac 

Comme pour toutes les addictions, l’addiction au tabac suit la « règle des 5 C « du professeur Laurent Karila :

  • Perte de Contrôle
  • Envie irrépressible de Consommer (Craving)
  • Usage Compulsif
  • Usage Continu
  • Poursuite de la consommation malgré les Conséquences.

Pour l’addiction au tabac fumé, on  compte cinq types de dépendances : la dépendance physique, la dépendance psychologique, la dépendance comportementale, la dépendance sensorielle et la dépendance identitaire.

La dépendance physique :

Nous pouvons la ressentir lorsque nous n’avons plus de cigarettes ou que l’on regarde un film un peu long au cinéma, que l’on attend l’arrêt suivant dans le TGV, ou la pause clope au travail.  Nous ressentons alors le “besoin impérieux” de fumer, avec l’apparition fréquente de signes  d’irritabilité.

Cette dépendance s’est installée sur la base de l’effet “shoot” de la nicotine qui arrive par voie artérielle au cerveau  en 7 à 10 secondes lors de l’inhalation de la fumée de cigarette. L’activation rapide et intense des récepteurs nicotiniques provoque leur augmentation en nombre et en taille, leur désensibilisation, et en retour, un besoin croissant du produit.

C’est elle qui est à l’origine de la sensation de “manque” lorsqu’on arrête de fumer, sensation qui peut être réduite ou effacée par l’utilisation de substituts nicotiniques et/ou du vapotage.

Ce manque peut s’exprimer en dehors d’une “envie de fumer” : irritabilité, troubles du sommeil, compulsions alimentaires, anxiété, agitation, difficultés à se concentrer, mal-être physique (sueurs) et constipation.

La dépendance psychologique :

Elle est variable d’un individu à l’autre et s’appuie essentiellement sur la capacité de la cigarette fumée à jouer le rôle d’un régulateur émotionnel et stimulateur intellectuel. Cette qualité est mobilisée par le cerveau “réflexe” en réponse à des situations de stress, de colère, d’émotions fortes, positives ou négatives. Ces expériences positives renforcent au fil du temps l’accroche psychologique de la personne au produit “cigarette” et freinent les velléités d’arrêt, par peur de perdre cette capacité à gérer les émotions de la vie.

C’est un lien maintenu avec cette dépendance qui permettra des retours vers la consommation de tabac fumé au bout de plusieurs mois ou plusieurs années. D’où l’importance de prendre le temps de dénouer ce fil et d’anticiper des stratégies sans cigarette, car la vie continue, avec son lot d’émotions, de colères, de stress et de joies.

La dépendance comportementale :

Liée à notre environnement de vie, la dépendance comportementale s’organise autour de “rituels” associés à la cigarette : “café-clope”, “apéro-clope”, “pause-clope”. Leur caractère répétitif normalise la consommation de tabac fumé lors de ces circonstances.

Quand on arrête de fumer, il est important de prendre le temps d’identifier ces rituels et d’imaginer des comportements alternatifs pour ces situations “à risque”.

La dépendance sensorielle :

Elle est multiple : goûts, odeurs, sensation de chaleur, perception du “remplissage des poumons” (surtout quand on est déjà en insuffisance respiratoire, et qu’on ressent plaisir et soulagement à “se sentir respirer”). Il y a aussi le gratouilli dans la gorge (Throat hit) au passage de la fumée de tabac, un plaisir secret des personnes qui fument.

Ces sensations ont un rôle renforçateur positif dans l’addiction au tabac fumé et sont sources de craintes qui repoussent la décision d’arrêter de fumer.

Une stratégie de sevrage tabagique qui s’appuie sur une expérimentation des substituts nicotiniques sans se contraindre à arrêter, permet de lever “par l’expérience personnelle” ces craintes. Le vapotage avec des matériels et des liquides adaptés, permet de retrouver un léger gratouillis dans la gorge, et de maintenir une gestuelle globale, rassurante elle aussi.

La dépendance identitaire :

L’addiction au tabac fumé s’est installée le plus souvent à l’adolescence, en période de formation de son identité, elle en est une composante vitale. On la retrouve dans des verbatims de personnes qui fument : “Cela fait partie de moi”, “Je ne me vois pas sans ma cigarette”, image par ailleurs renvoyée par l’entourage familial, amical ou professionnel.

Les “fumeurs” forment alors un groupe social qui permet des contacts, qui subit aussi des interdictions, renforçant une forme de solidarité dans le partage ou dans les exclusions. Arrêter de fumer, c’est sortir de ce groupe, et c’est un obstacle supplémentaire à la décision d’arrêter.

Cette composante identitaire est alors un frein important et réduit la motivation à l’arrêt. Elle doit être prise en charge dans l’accompagnement du sevrage tabagique avec des techniques de restructuration cognitive : entretien motivationnel, TCC (thérapies comportementales et cognitives), et, dans un cadre médico-social sécurisé : hypnose, méditation pleine conscience, yoga, sophrologie…

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