Un faible sentiment de sécurité dans les relations avec autrui est un facteur de risque de consommation de substances psychoactives

Cet article, issu de la prestigieuse revue Psychological Bulletin (c’est un peu le New England Journal of Medicine des psychologues, avec un impact factor à près de 17), met en évidence un lien intéressant entre troubles de l’attachement/qualité des relations interpersonnelles et consommation de substances.

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Cet article, issu de la prestigieuse revue Psychological Bulletin (c’est un peu le New England Journal of Medicine des psychologues, avec un impact factor à près de 17), met en évidence un lien intéressant entre troubles de l’attachement/qualité des relations interpersonnelles et consommation de substances.

Si l’association entre consommation de substances et difficultés dans les relations interpersonnelles est connue depuis longtemps, la nature de l’association entre ces deux variables reste à élucider. Certains auteurs ont initialement proposé que la consommation de substance puisse être responsable d’une dégradation de la qualité des relations avec autrui/moindre sécurité dans ces relations, mais on peut tout autant imaginer que ce soit plutôt la capacité à construire des relations sociales de qualité (qui dépend directement de son ressenti de sécurité dans ses relations avec autrui, c’est à dire de son attachement) qui soit un facteur de vulnérabilité des consommations de substance. Autrement dit, les individus pourraient consommer des substances psychoactives afin de faire face à ces difficultés/une insécurité dans leurs relations interpersonnelles et du fait de trouble(s) de l’attachement préexistant(s).

Ce travail, qui a effectué une synthèse de quelques 665 études réalisées sur le sujet (n=56’721 personnes), a cherché à comparer la plausibilité relative de ces deux hypothèses, en se basant sur des données longitudinales avec une moyenne de suivi d’environ 4 ans)

Ces auteurs, du département de Psychologie de l’Université de l’Illinois, ont confirmé l’association entre attachement/sécurité dans les relations avec autrui et consommation de substances, et ont démontrait qu’il existait une association significative entre des troubles de l’attachement préexistant aux consommations (moindre sécurité dans les relations avec autrui) et la consommation ultérieure de substances psychoactives. En utilisant des modèles statistiques permettant de tester la validité de liens de causalité entre plusieurs variables (équations structurales), il a été démontré que la relation causale « trouble de l’attachement -> consommation de substances » était significativement plus intense que la relation causale « consommation de substances -> trouble de l’attachement». Plus spécifiquement, un attachement avec un moindre sentiment de sécurité dans les relations interpersonnelles était associé à ces consommations.

 

Ce travail met en évidence que la qualité des relations interpersonnelles, qui sont directement dépendantes de la capacité d’un individu à pouvoir créer des liens sociaux de qualité et de son mode d’attachement (notamment un attachement de type insécure), est un facteur de vulnérabilité de consommation ultérieure de substances. Outre la mise en évidence de ce lien et des propositions thérapeutiques qui en découlent (travail sur les relations interpersonnelles et le fonctionnement de personnalité pour minimiser le risque addictif), ce travail propose également plusieurs hypothèses expliquant le lien entre attachement et consommation.

 

En pratique, on voit que ces résultats novateurs soulignent/renforcent la pertinence de travailler, outre sur la consommation de substance et sur une approche centrée sur la substance ou le comportement, sur les facteurs individuels expliquant la rechute et notamment sur le fonctionnement de personnalité d’un individu donné.

Par Paul Brunault

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