Avec la multiplication des politiques contre le tabac développées dans la plupart des pays développés, certains fumeurs se mis à avoir un usage plus limité, voir non-quotidien de tabac. Ceux qui arrivent à contrôler leur usage à un niveau faible et de manière stable dans le temps se disent peut-être qu’ils gardent le plaisir de fumer tout en évitant la plupart des risques liés au tabac, un peu comme quelqu’un qui aurait une consommation ponctuelle et limitée d’alcool. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Si certains risques sont probablement moindres, notamment celui de développer une bronchite chronique obstructive, d’autres restent à un niveau élevé.
C’est en tout cas vrai pour les risques cardiovasculaires, d’après cette méta-analyse qui vient de paraître dans le British Medical Journal (BMJ) et qui a été très médiatisée. Les auteurs, des épidémiologistes du King’s College, ont ainsi rassemblé les résultats de 55 études de cohorte, et ont comparé le risque de maladie coronarienne ou d’accident vasculaire cérébral entre des non-fumeurs, et des sujets fumant en moyenne une, cinq, et vingt cigarettes par jours. Les analyses étaient bien sûr ajustées par des variables de confusion classiques, notamment l’âge et le niveau socioéconomique.
Les résultats parlent d’eux-mêmes. Chez les hommes, comparés aux non-fumeurs, ceux qui fument 20 cigarettes par jour ont un risque augmenté de 100% de développer un syndrome coronarien. Les sujets qui fument 1 cigarette par jour ont un risque augmenté de 70%, soit plus proche des fumeurs sévères que des non-fumeurs. Les mêmes analyses chez les femmes montrent un risque quatre fois plus important chez les fumeuses à 20 cigarettes par jour, et plus de deux fois plus important chez celles fumant 1 cigarette par jour. Pour ce qui est du sur-risque d’AVC, chez les hommes, il est de 56% chez les fumeurs de 20 cigarettes par jour, et 30% chez les fumeurs à 1 cigarette par jour. Chez les femmes, 142% chez les fumeuses à 20 cigarettes par jour et 46% à 1 cigarette par jour.
Le fait de fumer peu ne fait donc aucunement disparaître le risque cardiovasculaire. Il ne fait que le diminuer partiellement. Ce constat est probablement similaire pour les risques de cancer du poumon même si le niveau de preuve est encore plus limité. La réduction de consommation de tabac peut toutefois rester une étape vers l’arrêt total, qui reste, pour le tabac, la seule façon de revenir progressivement à un niveau de risque similaire à la population de non-fumeurs. Dans quelques années, un recul suffisant permettra de comparer l’usage de tabac et l’usage de e-cigarettes. On est impatients de savoir…