
Les drogues vendues sur les cryptomarchés sont censées présenter des niveaux d’adultération plus faibles et une puissance plus élevée que celles qui sont achetées dans la rue. Cette étude vise à déterminer si la 3,4-méthylènedioxy-N-méthamphétamine (MDMA), la cocaïne, l’amphétamine, la méthamphétamine et le diéthylamide de l’acide lysergique (LSD) vendus sur les cryptomarchés différent en termes d’adultération et de concentration, par rapport aux produits de rue.
Un modèle inter-groupes a été utilisé pour comparer les drogues provenant des cryptomarchés à celles provenant de la rue. Des analyses de régression contrôlant l’année et le lieu ont été effectuées. Des services de vérification des drogues ont été mis en place en Espagne (contrôle de l’énergie) et aux Pays-Bas (système d’information et de surveillance des drogues). Les produits étudiés comprenaient des échantillons de drogues ayant fait l’objet d’un contrôle entre 2016 et 2021 et censés contenir de la MDMA (comprimés ; n = 36 065 ; poudre : n = 6179), de la cocaïne (n = 11 419), de l’amphétamine (n = 6823), de la méthamphétamine (n = 293) et du LSD (n = 1817). Les drogues ont été analysées pour (1) vérifier qu’elles correspondaient à la substance annoncée (c’est-à-dire contenir n’importe quelle quantité de la substance attendue) ; (2) la force ; (3) la présence d’adultération ; et (4) le nombre d’adultérants.
Les résultats montrent que la drogue attendue avait plus de chances d’être identifiée lorsqu’elle provenait de cryptomarchés que lorsqu’elle était achetée hors ligne pour les comprimés de MDMA [rapport de cotes ajusté (RCA) = 2,10, intervalle de confiance à 95 % (IC) = 1,28-3,43], la poudre de MDMA (RCA = 2,64, IC = 1,55-4,51), la cocaïne (RCA = 3,65, IC = 1,98-6,71) et le LSD (RCA = 1,75, IC = 1,13-2,72). La poudre de MDMA provenant du cryptomarché (β = 0,03, P = 0,012), la cocaïne (β = 0,08, P < 0,001) et la méthamphétamine (β = 0,15, P = 0,028) étaient statistiquement plus fortes que les substances provenant de sources hors ligne. En revanche, les comprimés de MDMA (β = -0,01, P = 0,043) et l’amphétamine (β = -0,07, P < 0,001) provenant des cryptomarchés étaient statistiquement plus faibles que les substances provenant de sources hors ligne. La poudre de MDMA (AOR = 0,53, CI = 0,33-0,86) et la cocaïne (AOR = 0,66, CI = 0,55-0,79) étaient statistiquement moins susceptibles d’être falsifiées si elles provenaient de cryptomarchés. En revanche, l’amphétamine (AOR = 1,54, IC = 1,25-1,90) et le LSD (AOR = 1,31, IC = 1,00-1,71) étaient plus susceptibles d’être falsifiés lorsqu’ils étaient achetés dans des cryptomarchés. La cocaïne achetée dans les cryptomarchés contenait moins d’adultérants (rapport des taux d’incidence = 0,71, IC = 0,60-0,85).
Conclusion : La relation entre les places de marché de drogues en ligne et la qualité des substances varie en fonction de la substance spécifique et de la dynamique du cryptomarché.
Par Benjamin Rolland
Lien vers l’article : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/add.16665