Buprénorphine : un accès réduit pour les femmes, les personnes noires et celles souffrant d’un autre trouble de l’usage de substances

Une étude américaine parue dans "Drug & Alcohol Dependence".

Autres drogues
Une très large étude de cohorte Massachusetts montre accès réduit buprénorphine pour femmes personnes noires personnes avec d'autres addictions

Cette étude américaine a exploré les différents facteurs associés à un défaut d’accès au traitement par buprénorphine tout au long de la chaîne de soins pour des personnes qui souffrent d’un trouble de l’usage d’opioïdes, en fonction de l’origine ethnique, de l’âge, du sexe et des principales caractéristiques cliniques.

Il s’agissait d’une très large étude de cohorte observationnelle, réalisée dans le Massachusetts, portant sur des personnes démarrant un traitement pour trouble de l’usage d’opioïdes (TUO) entre le 01/01/2015 et le 31/12/2021. Les participants étaient âgés de 16 à 89 ans et recrutés au Boston Medical Center et dans les cliniques affiliées de la région de Boston avec TUO et sans prise en charge addictologique dans les 90 jours précédents. Les principaux points d’évaluation étaient d’une part au démarrage du traitement par buprénorphine, puis à la deuxième prescription avant 34 jours, et enfin à différents points de suivi (jusqu’à 180 jours sans écart de plus de 14 jours). Les paramètres investigués étaient le sexe, la race et l’ethnicité, l’âge, la prise de  buprénorphine au cours des 12 derniers mois, la survenue d’une surdose au cours des 12 derniers mois, les troubles concomitants de la toxicomanie et le diagnostic psychiatrique.

L’étude a ainsi porté sur 14 182 personnes : femmes (34,1 %), Noirs (21,5 %), Latinos (16,2 %), Blancs (59,2 %), 16-25 ans (4,1 %), 65-89 ans (4,9 %).  Dans les modèles ajustés, par rapport aux hommes, la probabilité de rétention globale était plus faible chez les femmes, et principalement liée à un manque d’initiation des soins (41 % contre 53 % ; OR:0,61, 95 %CI:0,56-0,67, p < 0,001). La plus faible rétention globale chez les personnes de couleur noire reflétait également une initiation plus faible que chez les personnes de couleur blanche (28 % contre 44 % ; OR:0,50, 95 %CI:0,46-0,55, p < 0,001).

Le désavantage en matière de rétention pour les groupes plus jeunes et plus âgés reflétait des lacunes dans toute la chaine de soins. La rétention globale était également plus faible en cas d’un autre trouble de l’usage de substances, avec une initiation plus faible (TUO seulement : 46 % ; TLU plus : alcool : 19 % OR : 0,27, 95 %CI : 0,21-0,34, p < 0. 001 ; sédatifs:21 %, OR:0,31, 95 %CI:0,20-0,49, p < 0,001 ; stimulants:25 %, OR:0,40, 95 %CI:0,33-0,48, p < 0,001 ; ≥3 SUD:25 %, OR:0,40, 95 %CI:0,37-0,43, p < 0,001).

En conclusion, dans cette étude, des inégalités dans l’accès à la buprénorphine et son maintien sont constatées tout au long de la chaine de soins, avec de vraies inégalités au démarrage du traitement chez les femmes, les personnes noires et celles souffrant d’un autre trouble de l’usage de substances.

Par Benjamin Rolland

En savoir plus : https://www.sciencedirect.com.